Philosopher, c’est aimer la sagesse. Or, nous le savons maintenant, chez les sages la chaleur se cherche!
Du reste, nous l’avons constaté dans la leçon précédente, avec les petites morts et tous ces délicieux exercices préconisés dans l’approche de la méditation.
On voit donc bien qu’il n’est pas question de nier l’affect!
Mais attention ! À force de trop méditer il peut arriver qu’on se retrouve, non plus vierge mais avec un, voire deux éléments perturbants qui viennent agrandir la famille.
Or, qu’il y a- t-il de plus ardu à comprendre qu’un enfant ?
Notre enfant.
Et de pire à comprendre que le notre ?
Le même, avec la voix qui mue.
Ceci dit, rien n’est plus efficace pour apprendre à se débarrasser de tout ce qui nous encombre ( habitudes, idées toutes faites et autres pensées périmées).
Tous les spécialistes vous le diront ( notamment le Dr Gordon qui a beaucoup réfléchi à la question) : c’est plus facile de communiquer en Japonais qu’avec un ado.
Que faire ?
La réponse est simple : philosopher !!
Nous savions déjà que le bébé est une personne. Tenez-vous bien, maintenant grâce au Dr Gordon, nous apprenons que les parents sont des personnes aussi !!!!! N’est-ce pas fabuleux ???????
Quant on devient parent, la première idée qui nous vient est de prodiguer des conseils. SURTOUT PAS ! dit le Dr Gordon, - qui a sûrement beaucoup souffert -, « l’habitude de donner des conseils peut inciter l’enfant à consacrer tout son temps à ne rien faire pour élaborer ses propres idées ».
ET VLAF ! à dégager de la table !
2e croyance: protéger le petit être contre les dangers de l’existence. VOUS ÊTES TOMBÉS SUR LA TÊTE OU QUOI ??? « Les enfants sont tentés de faire ce qu’on leur a défendu simplement pour vérifier si les conséquences que le parent a annoncées vont se produire véritablement » ajoute le Dr Gordon.
VLAN !! Encore une à la poubelle !!
3e habitude qui va partir au panier : interroger l’enfant sur ce qui l’inquiète. Et là nous apprenons, stupéfaits, qu’interroger n’est nullement une bonne méthode de communication! En effet, « cela limite considérablement la liberté de la personne avec qui on communique ». Nous voilà bien.
Mais aloooooooooors ? vous demandez-vous avec une voix étranglée.que faire ?????,
IL Y A UNE SOLUTION !! s’exclame le Dr Gordon.
L’ÉCOUTE ACTIVE !!
……….Ouf!
Qu’est-ce que c’est que cette écoute active?
Comme son nom l’indique, il s‘agit de rester dans un état d‘éveil maximum. C’est autre chose que la méditation (pendant laquelle, je vous le rappelle, on peut accessoirement mourir un peu)
Comment s’y prendre ? Dans l’absolu, c’est simple (dans la réalité, c’est une autre paire de manche, mais toute la philosophie consiste à concilier l’absolu avec la réalité)
1) décoder pour comprendre :
Supposons que votre enfant vous dise « j’ai faim », vous allez imaginer qu’il va mettre la table et ingurgiter un repas complet et équilibré (de bonnes tiges de soja, un bon tofu, un bon yaourt blanc). Loin s’en faut. « J’ai faim » veut dire « passe moi des sous pour aller au Mac Do »
Alors autant s’y faire tout de suite : le décodage est, comme la méditation-mais en moins marrant- l’exercice le plus ardu dans l’apprentissage de la rénovation de la pensée.
2) parler pour dire
Comprendre est une chose. Et encore, pas donnée à tout le monde. Moi, j’ai beau mobiliser toutes mes capacités de concentration, j’ai pas encore tout compris. Mais bon. Il est possible que je sois un contre-exemple.
Je vais toutefois essayer de vous exposer ce que j’en ai appréhendé.
Sans l’écoute active
(JB) Maman, pourquoi tu ne te coiffes pas ?
(moi) COMMENT CA J’ME COIFFE PAS ??? SI JE SUIS COIFFÉE!!!
(JB, pas convaincu) Ah …? Pourtant, on dirait… tu sais, comme quelqu’un qui s‘est gratté la tête parce qu‘il a beaucoup réfléchi… mais je ne t‘ai jamais vu réfléchir..
(moi) c’est çui qui dit qui y est !( le parent essaie de persuader par la logique). Va faire tes devoirs! ( le parent commande). Çà t’évitera de dire n’importe quoi ! (le parent interprète)
AVEC l’écoute active
(JB) Maman, pourquoi tu ne te coiffes pas ?
(moi) tu me dis que je ne me coiffe pas ? Est-ce que je saisis bien ? ( écoute active)
(JB) oui, on dirait… tu sais, comme quelqu’un qui s‘est gratté la tête parce qu‘il a beaucoup réfléchi… mais je ne t‘ai jamais vu réfléchir..
(moi) tu as cru déceler que je ne me gratte jamais la tête ? (écoute active)
(JB) ouais, moi à ta place je me raserais la tête
Dans la première version, le parent interprète mal le message de JB puisqu’il lui dit d’aller faire ses devoirs ce qui n’a aucun rapport avec la choucroute.
Dans la seconde, l’écoute active aide JB à exprimer son véritable problème, (la coiffure de sa mère) et l’encourage à trouver une solution (la boule à zéro de la mère)
En résumé :
1) pour philosopher, faut méditer
2) trop méditer agrandit la famille
3) une famille agrandie entraîne table rase de tout ce qui nous encombre
4) la table rase peut, du coup, commodément servir de radeau.