ado zen attitude
Mon fils grandit, c’est indéniable. Pour preuve le torticolis apparu récemment, à force de lever la tête quand je m’adresse à lui.
Mon fils se fiche de l’avenir. L’inconscient ! Il me tire une moue écoeurée devant mes légumes verts et autres fruits frais exempts de bactéries.
Et me réclame des Big Mac.
Ou une pizza.
Sa désastreuse manière de s’alimenter ne l‘empêche pas de déployer une énergie colossale, toujours en quête d’émotions fortes dont il évaluera les conséquences un autre jour (jour qui, nous le savons maintenant, reste complètement hypothétique)
Mon fils me fait faire des économies, dans un souci évident d’alléger le budget familial, il réduit la rédaction de ses exercices scolaires au strict minimum, limitant ainsi considérablement le renouvellement des cahiers, feuilles et autres stylos. De toutes façons il s’en moque : il a le striatum ventral atone.
Mon fils développe son cortex : il claque les portes, s’avachit et marmonne. Souffre-t-il d’un ramolissement des neurones ? Que nenni ! C’est même tout l’inverse, il multiplie les bêtises (l’erreur est un sage apprentissage), et se pose des questions existentielles (" à quoi ça sert d’aller à l’école ?") .
Et comme IL SAIT TOUT MIEUX QUE MOI, plus besoin de l’aider à élaborer des solutions !
Mon fils a des envies d’indépendance: certes, il n’est pas vraiment fini, il lui manque même quelques cases (notamment celles qui concernent risques, efforts, travail), néanmoins il a moins besoin de moi, en tout cas pas pour les mêmes choses que quand il était petit. Par exemple, il sait se laver les dents tout seul (faut juste le lui répéter une petite vingtaine de fois). En tout cas, je ne suis plus obligée de lui organiser ses temps libres - et c’est même recommandé de NE PAS S’EN MÊLER !
Bilan : exit la mère corvéable à merci !
Mon fils ne m’oblige plus à rester jeune : autant lorsqu’il était petit, fallait rester en forme pour partager toutes ses activités, autant il me voit maintenant telle que je suis : pas tout à fait de l’âge préhistorique, mais presque. Il en est consterné et ne rate pas une occasion de le souligner avec la délicatesse dont il sait si bien user depuis quelques temps.
Mon fils me dispense d’être parfaite: il me trouve ringarde, sévère, nulle, limite nuisible, et surtout, JE NE COMPRENDS STRICTEMENT RIEN.
Par contre, les parents de tous ses copains sont extraordinaires (les pères sont généreux et compréhensifs, les mères sont jeunes et belles)(TOUTES)
Il n’y a que lui qui a eu la malchance de tomber sur des parents comme nous, qui lui ont refilé ce qu’ils ont de pire (sic).
Ceci dit, ça nous fait des vacances : pas besoin de se fatiguer à être des modèles, lâchons-nous ! puisque dans tous les cas on est ABSOLUMENT NULS.
Mais mon fils m’aide à rester dans le coup !
Le monde change à toute allure ? du mal à suivre ? Tout m’échappe ?
Eh bien lui, il est au courant de tout, il sait expliquer les dernières trouvailles technologiques, et en plus, il CRÉE ! Vieillissement des baskets neuves en un clin d’œil, trouage et décousage du jean (?), déménagement de tous les meubles à tout bout de champ, qui sait si je n’aurais pas conçu un génie ?????????? Peut être encore bien caché...Mais Einstein ne s’est pas fait en un jour.
Et surtout, mon fils m’empêche de ronronner ! me bouscule, me rudoie, secoue les idées reçues, m’empêche de m’étioler dans la nostalgie "du monde d‘avant qui était tellement mieux", m’oblige à côtoyer d’autres cultures, à me remettre en question, à poser un autre regard sur ce que je suis, sur mes croyances et sur mes certitudes.
Mon fils,
n’est-ce pas le plus beau cadeau que tu puisses me faire ?