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le blog de Ambreneige
30 janvier 2013

Sous le manteau de Brigit

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Bientôt la Chandeleur avec sa tradition de se régaler de crêpes !

D’où vient cette coutume à votre avis ? eh bien pour le savoir, il faut retourner très loin en arrière, chez les Celtes. Eh oui, encore eux !

Comme je vous l’ai déjà dit, pour les Celtes il n’y a que deux saisons, la sombre et la claire, rythmée par quatre grandes fêtes dont la plus importante est indubitablement celle de Samain ("Halloween") qui se déroulait à l’entrée de l’hiver.

Il y avait néanmoins une deuxième fête hivernale, un peu moins importante : Imbolc. Elle était célébrée au début du mois d’Equos (cela correspond approximativement au 2 février). Imbolc est la fête de la lumière, du renouveau, c’est le moment des premières naissances dans le bétail et du retour imminent des beaux jours, symbolisés par les crêpes, ces disques dorés censés représenter le soleil. Les nappes phréatiques se gorgent d’eau, balayant les débris de l'hiver. Les génisses et les brebis commencent à produire le lait nécessaire à leurs petits à naître, les neiges fondent, les perce-neige apparaissent, les graines se préparent à donner naissance aux plantes, annonçant que la vie n'était qu'en gestation dans le ventre nourricier de la Terre.

De fait, Imbolc est une fête essentiellement féminine, maternelle, lunaire. Elle est associée à l’eau et a lieu la nuit. A la différence des autres fêtes où hommes et femmes officient ensemble, le rituel d’Imbolc est mené uniquement par les femmes, en tout cas au début, parce qu’ensuite les hommes sont conviés à les rejoindre pour faire des choses bien peu recommandables (mais indispensables à la survie de l’espèce ;-)).

Cette célébration est placée sous la bienveillance de Brigit, la plus grande déesse celtique de tous les temps (elle est aussi connue sous le nom de Dana, et les Gaulois l'appelaient Brigindo).

Mère, épouse, sœur et fille des autres dieux, Brigit est si populaire que l'Eglise, pour parvenir à évangéliser les Celtes, en fera une sainte, transformant la grande prêtresse Brigit en Sainte Brigitte.

Brigit vient du mot brigantis qui veut dire très haute. On l’associe souvent au chiffre trois (symbole qu’on retrouve dans le Triskell), nombre sacré pour les Celtes, c’est pourquoi Brigit est souvent représentée divisée en trois déesses sœurs : une déesse de la poésie, une déesse de la guérison/du renouveau et une déesse de la forge. Déesse triple par ces symboles, c’est elle qui inspirera l'idée de la Trinité aux Chrétiens.

En plus de la vache et de la brebis, ses animaux totémiques, Brigit est également associée au coq, héros de la journée qui commence, et au serpent, symbole de la régénération et de la fécondité. Du reste, le serpent est un thème omniprésent de la joaillerie celtique, de nombreux torques sont ornés de ce symbole (que l’on retrouve aussi chez la déesse égyptienne Isis ou encore en Kali).

Pour commencer la célébration d’Imbolc, on défile entre les champs avec des chandelles (c’est de ce mot que vient Chandeleur), en appelant ainsi la générosité de la déesse. Un repas consacré a été préparé, au cours duquel des galettes de maïs de la première et de la dernière récoltes sont partagées, ainsi qu’une boisson à base de lait chaud, de miel et de muscade symbolisant l’aspect maternel et nourricier de la divinité.

Les manteaux sont suspendus à l’extérieur des maisons, afin qu’ils reçoivent la bénédiction de Brigit lorsqu’elle circulera dans les rues à la nuit tombée avec sa génisse. Le manteau laissé ainsi bénéficiera d’un peu des pouvoirs guérisseurs de la déesse, lesquels seront à leur maximum après 7 années consécutives.

Comme je l’ai dit plus haut, les hommes assistent de loin à la cérémonie : les femmes et les enfants rassemblés pratiquent d’abord ce rituel du Chemin, de l’Ouverture, de la Matrice, en passant entre deux pierres levées après qu’on ait placé huit chandelles émergeant de l’eau et s’être lavé les mains, les pieds et la tête en signe de purification.

poupeeLes jeunes filles nubiles ont fabriqué pour l’occasion une poupée de maïs habillée de blanc, la brideog. Elles ont placé un cristal sur sa poitrine. Cette poupée représentant Brigit est ainsi portée de maison en maison, et les jeunes filles demandent un cadeau en échange de la bénédiction de la déesse. Encore de nos jours, en Ecosse, pendant que les jeunes filles fabriquent la poupée, les vieilles femmes fabriquent un petit lit. La veille du festival, on y couche cérémonieusement la poupée.

Les jeunes Celtes ne seront invités à la fête que pour les accouplements rituels qui assureront la naissance de nouvelles âmes, lesquelles remplaceront celles qui ont été perdues au cours des temps froids (ce rite se retrouve au cours de la fête de Beltaine).

croix_brigitLa veille de Imbolc, on fabrique aussi des Croix de Brigit avec des bouts de bois souple, recueilli par la fille aînée de la famille qui doit aller les ramasser pieds nus. Le père fait alors le tour de la maison dans le sens du soleil. Ensuite il rentre dans la maison et tous tressent les "croix" qui, accrochées dans les maisons et les granges, éloigneront les mauvais esprits et les intempéries.

Quelles que soient ces traditions qui perdurent encore en Ecosse et en Irlande et peuvent beaucoup changer d’un village à l’autre, toutes s’articulent autour des mêmes idées : l’hospitalité, la générosité et la fertilité. Ce sont les trois principales caractéristiques de cette déesse pacifique.

C’est une période favorable pour faire naître en soi de nouvelles aspirations qui pourront éclore au printemps. Pourquoi n’en pas profiter pour se remettre en question, faire son ménage intérieur pour que la Lumière repousse nos ténèbres ? C'est le moment où jamais de réfléchir à ce qui aurait besoin d'être renouvelé dans notre vie, ou encore pour guérir une blessure ancienne ou récente.

Il y a bien des légendes au sujet de la déesse Brigit, et par extension, de Sainte Brigitte. On dit par exemple que les fleurs poussaient sous ses pieds où qu'elle aille.

Une autre légende concerne son manteau. Sainte Brigitte aurait demandé au roi de Kildare (Irlande) de lui céder des terres où les moutons auraient pu paître en toute quiétude autour de son couvent. Le roi ayant refusé, Brigit dit alors qu’elle se satisferait de la surface de terres que son manteau pourrait couvrir.

Aussitôt, le roi accepta. Bien entendu, quand le manteau fut jeté à terre, il grandit et grandit jusqu'à couvrir une immense étendue, on aurait dit qu’il allait recouvrir toute l’Irlande !

Depuis, les Irlandais mettent leurs amis "fd bhrat Bhrigide" (="sous le manteau de Brigit").

 

Mes amis, à chacun de vous

je souhaite la sécurité et la chaleur

 

"du manteau de Brigit" !

 

bisoussouffle

 

 

 

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28 janvier 2013

Info

Chers amis,

comme ça va sûrement sauter à vos yeux ébahis j'ai mis en lien sur la gauche les publications que j'ai faites sur TBE. Non non, je ne me suis pas réveillée avec un gonflement pathologique des chevilles.. c'est juste qu'une de mes fidèles (Éléna, pour ne pas la nommer) vient de s'apercevoir au bout de deux ans qu'elle n'avait pas lu mes chefs-d'oeuvre !!! Bon, Éléna, je te rassure tout de suite :

il en reste plein en stock !  ◕ ‿ ◕

Faut juste que je refasse une beauté à mon premier (Du rire aux larmes).

Bon, sur ces bonnes paroles mes amis je vais me promener !

Des brassées de bisous !!!!!!!

 souffle3

 

PS C'est pas d'ma faute si les images des livres sont aussi grandes !!! je ne sais pas comment les rapetisser, pff ..

PS 2 et vous, les filles (Marie, Sylvie) c'est quand qu'on vous lit ?????

 

27 janvier 2013

Crier famine

Un de mes proches m’en veut parce que j’ai fait quelque chose (à sa demande) qui a eu des conséquences complètement inattendues.

Avant, si on m’en voulait ou qu’on adoptait un comportement agressif à mon égard, je me faisais toute petite. Assurément, je devais l’avoir cherché.

Aujourd’hui, je découvre un sentiment inédit : je suis en colère. Cette personne m’en veut ? c’est un peu fort !!!!!! Et le jour où elle est venue crier famine chez la fourmi sa voisine, elle m’en voulait ? c’est facile de déverser sa bile sur les autres quand on n’est même pas capable de trouver des solutions à ses problèmes !

Alors, qu’elle se rassure : moi aussi je lui en veux !! et qu'elle ne compte pas sur moi pour lui courir après !!

 gil elvgren

 

Un peu de douceur dans ce monde de brutes ..

hein ? c'est-y pas mieux ??

26 janvier 2013

Les pas japonais

La fabrication par ma sœur de dalles de jardin - les dernières en date : des "pas japonais" - m’a donné envie d’en savoir plus sur cet art. En fait, contrairement à ce que l’on croit peut-être, confectionner un jardin à la japonaise ou ratisser des mers de gravier n’est pas une invention des moines bouddhistes zen, c’est l’inverse : c’est en créant ces jardins selon les préceptes anciens que les moines zen ont trouvé un moyen de parvenir à l'Éveil (en japonais et en chinois , ce qui tend à prouver que l’Éveil est universel). Eh oui ! pratiquer le jardinage en lui donnant une dimension spirituelle et en l'utilisant comme support de méditation, c'est possible ! Si ça tombe, en posant ses "pas" dans son allée, ma soeur ne s'est même pas rendu compte qu'elle méditait !

En fait, à l'origine, l'art des jardins japonais est un culte Shinto, la religion la plus ancienne du Japon, bien antérieure au bouddhisme, laquelle repose sur des concepts super chouettes comme l'harmonie entre l'homme et la nature (pour une meilleure communication entre l'un et l'autre, les Japs ont inventé les kamis (), qui sont des genres d'esprits célestes et accessoirement terrestres ayant des pouvoirs variés).

Il y a paraît-il huit millions de kamis au Japon, rien que ça !!! En fait il existe des kamis pour quasi tout (par exemple les kamis du peigne, du crachat, et même des excréments)(i’sont fous ces Japs !).

Mais (Dieu soit loué) il y en a aussi des super chouettes comme

- Izanami, le kami de la première femme,

- Amaterasu, celui de la déesse du soleil,

- Inari, le dieu du riz (pour le dieu du haricot vert, je n'ai rien trouvé)

- ou encore, ma préférée, Ame no uzume, la déesse de la gaieté.

Oui alors, pour en revenir à l'art du jardinage nippon, il s'agit pourrait-on dire de retrouver la joie qu'on éprouvait, enfant, chaque fois qu'on utilisait nos mains pour découvrir le monde. Car qu'est-ce que nos mains, si ce n'est le premier mécanisme de connexion à la vie, les instruments qui nous permettent d'exprimer notre créativité et notre originalité ?? Chaque fois que nous utilisons nos mains, nous nous reconnectons à notre monde intérieur, ce monde où, en chacun de nous, il y a une inspiration, une spontanéité créatrice, un élan vital, quelque chose, quoi !!! Et ce quelque chose est à nous, tout à nous, rien qu'à nous !! personne ne nous l'enseigne, c'est un présent, un talent unique !!! Il est quelque part dans l’harmonie de ce qui a été, de ce qui est, de ce qui sera, il suffit de laisser faire, d'écouter, de ressentir, jusqu'à ce que dans notre élan, nous fassions partie d'un Tout jusqu'à appartenir au Tout ! C'est fou, je vous jure, c'est fou !!!

Oui bon. Où en étais-je ?

Ah oui. Les "pas japonais".

Oui alors donc au tout début (Xe siècle), on cherchait à reproduire dans les jardins un paysage naturel jusque dans ses moindres détails afin de sublimer la beauté de la nature. Deux siècles plus tard est apparu le Bouddhisme Zen qui enseigne avec une logique très particulière que la réalité des choses tient toute entière dans leur vacuité. Tout cela contrarie fort les artistes es-jardinage. Comment vont-ils bien pouvoir représenter la vacuité de la réalité ??? Apparaissent alors des trucs épurés où les îles et les pièces d'eau sont remplacées par du sable blanc et des pierres, le vide étant propice à la méditation, comme l'on sait.

Tout l'art consiste à donner aux pierres une impression de légèreté, comme si elles flottaient au-dessus du sol, telles de riantes gazelles.

Alors pour savoir si vos pierres sont bien disposées, je vous recommande de les faire arpenter par votre meilleur ami les yeux fermés. S'il se rétame, c'est qu'elles étaient mal disposées, mais comme c'est votre meilleur ami, il ne vous en tiendra pas rigueur (c'est même la raison pour laquelle c'est par lui qu'il faut les faire tester).

Si personne ne tombe, bingo ! tel le ver à soie blotti dans sa chrysalide, vous pouvez vous dire que vous êtes en train de muter vers quelque chose de beau et de très doué.

NB A l'heure actuelle, je suis bien obligée d'admettre que ma propre mutation n'est pas terminée, surtout en ce qui concerne le domaine culinaire. Croyez bien que je le regrette et que vous serez les premiers informés de toute progression dans ce domaine (mais il reste du boulot).

25 janvier 2013

Les miches de la boulangère

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Eh bien mauvaise surprise : non seulement les jardins parisiens sont fermés, mais en plus il n'y a même plus de neige dans la capitale sur quoi s'extasier !!

Par contre comme vous voyez le ciel est d'un gris parfaitement sublime !

Avec ça un froid qui donne envie de retourner direct sous la couette !! Oui je sais : je suis une vieille râleuse !!!

Comme dirait mon fils (super zen, lui) :

 

"On peut pas toujours avoir le pain

et les miches de la boulangère !!"

 

gil elvgren3

 

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21 janvier 2013

Chaste et pure

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Allez je me lance dans la contribution des photos de neige sur les blogs ;-)

Ca, c'était il y a 5 jours, déjà je n'étais pas folle de joie, vu que je viens juste de reprendre les séances de natation, qui du coup sont fort compromises ..

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Hier matin. Des trombes de neige dans mon jardin.

Mon fils qui m'entend ronchonner s'approche :

- T'aimes pas la neige ???

- Qu'est-ce que ça a d'étonnant ??

- Ben c'est blanc.. immaculé .. pur ..

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- Et .. ???

- Ben tu dis tout le temps que t'es chaste et pure ..

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... remarque, je voudrais pas dire mais t'es pas un modèle de chasteté !!

- Ah bon ??

- T'as trois enfants j'te rappelle !!!! minimum !!!!

18 janvier 2013

Sorry

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Hier soir, sorry, j'étais trop claquée pour vous raconter quoi que ce soit. Plus usant que l'attente, ya pas. Oui parce que figurez-vous que j'ai attendu. J'ai attendu de 8h30 de l'aube jusqu'à 18h le bonhomme de Lapeyre qui devait amener le bitonio qui manque à ma porte d'entrée que je viens de faire changer. Or, ce bitonio est indispensable. Que dis-je, indispensable ? VITAL. Sans lui point de fermeture possible. Et pour une porte, ne pas fermer, vous avouerez que ce n'est pas ce qu'on a trouvé de plus pratique.

Or donc, 9h30 est passé, puis 10, puis 11. Tout en pestant intérieurement contre la non-ponctualité de certaines personnes,  je me suis dit qu'une petite prière ne serait pas du luxe et je me suis jetée par terre pour que ma supplication ait plus de poids. Ce qui n'a pas manqué de surprendre mon facteur au moment de sa tournée, lequel, me trouvant à quatre pattes, m'a proposé de l'aide pour me relever. 

"Heu, merci... Mais tout va bien.  Je prends juste un moment pour me recueillir. Vous n'avez rien contre les gens qui prient avant le repas, n'est-ce pas ?"

Je ne saurai dire avec exactitude la signification de ce que j'ai lu dans ses yeux au moment où il m'a donné mon courrier, avant de fuir à toute allure. Je ne pouvais pas en dire autant du bonhomme que j'attendais et dont je n'avais toujours pas vu l'ombre d'une paupière.

J'ai fini par appeler le magasin.

Injoignable. Sur un chantier. Un problème. Coincé dans les neiges. 

Oui, parce que figurez-vous que depuis lundi soir, nous avons de la neige en Île-de-France.

La neige chez nous, c'est merveilleux : les gens n'honorent pas leur rendez-vous (la neige), les trains ne circulent plus (la neige), on arrive en retard au boulot (la neige).

J'étais surtout en colère parce que j'avais prévu d'aller manger avec ma fille à Paris, et que si le bonhomme était passé à l'heure dite, en 20 mn c'était plié et j'aurais pu sortir. Bref.

A 13h coup de téléphone de l'homme qui a occupé toutes mes pensées hier.

Excuse bidon. Je serai là à 16h30 assure-t-il. Bon, ça me laissait quelques belles heures pour vaquer, même si ma sortie à Paris était tombée à l'eau avec tous mes espoirs de faire des photos sublimes vu qu'hier il faisait super beau, et puis râler à cause de quelque chose qui est derrière soi ça ne sert à rien pas vrai ?

Seize heures trente je suis sûre que vous avez compris : personne.

Et comme ça jusqu'à 18h, où le courageux a délégué à une secrétaire le soin de me prévenir qu'il avait fini sa journée sans trouver le temps de passer (et sûrement aussi les doigts gelés pour prendre son portable et me prévenir) et patati patata et qu'il me fait dire qu'il va passer demain matin à 8 h ..

"Ne vous fatiguez pas", ai-je dit à la femme, démontrant une fois de plus ma fabuleuse capacité de contrôle, "il n'est pas passé et il n'a pas pris la peine de téléphoner" (ça aurait été débile de déverser mon énervement sur une nana qui n'y était pour rien, non ?), "par contre pour demain, qu'il m'appelle, je vais avoir deux ou trois petites choses à lui dire..".

C'est vrai quoi !! M'enfin !!!

13 janvier 2013

La folle escapade

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Des paysages d’une rare beauté, d’innombrables forteresses et châteaux, une diversité incomparable, voilà ce qui caractérise la Thuringe, terre qui vit naître celle qui allait devenir un jour une de nos plus grandes reines mérovingiennes : Radegonde.

Située au nord du royaume franc, la Thuringe est de longue date une menace à laquelle Clovis doit faire face. Mais ce sont les fils du grand roi franc qui vont définitivement asservir ce peuple turbulent.

Cela se passe au VIe siècle de notre ère. La Thuringe appartient alors aux trois frères Francs germaniques (1) Berthaire (père de Radegonde), Badéric et Hermanfried. Ces trois-là ne dérogent guère à la coutume franque qui consiste à se zigouiller entre eux jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Se débarrasser de Berthaire est relativement aisé, ce qui fait qu’à l’âge tendre de 3 ans, Radegonde se retrouve dans les trophées de guerre de son oncle Hermanfried. Lorsque sonne l’heure d’alléger à son tour Badéric de sa part du royaume, la lutte s’annonce plus acharnée, c’est pourquoi Hermanfried va crier besoin chez Thierry son voisin.

Bon là, je le sens, je vous ai perdus. Eh bien Thierry, roi d’Austrasie, est le fils aîné de Clovis. Il se partage la France avec le dernier frère qu’il lui reste, Clotaire, roi de Neustrie, vu que tous les autres héritiers sont déjà passés de vie à trépas (toujours la mode franque).

Hermanfried, pour obtenir l’aide de Thierry, lui promet de lui donner la moitié des terres de son frère s’il l’aide à le tuer. Sauf qu’une fois Badéric liquidé, Hermanfried oublie sa promesse ..

Clotaire pour venger Thierry surgit hors de la nuit, et de la pointe de l’épée signe sur la tronche d’Hermanfried un C qui veut dire KO. La bataille a lieu au bord d’un fleuve, et le carnage est tel qu’en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, le lit de la rivière est encombré de cadavres dont les Francs de Clotaire se servent comme d’un pont pour passer d’un bord à l’autre, faisant ainsi preuve d’un esprit pratique qui laisse pantois.

Outre de nombreuses richesses, les deux rois francs découvrent dans cette terre hostile un joyau d'une valeur incommensurable : Radegonde, qui est d'une beauté éblouissante. L'attrait qu'exerce cette ravissante fillette sur les deux hommes est tel que, lorsque vient le moment de se l'attribuer lors du partage du butin, ils en viennent presque aux mains (ce qui est surprenant, vous en conviendrez, lorsqu’on sait comme ces gens-là étaient civilisés). Finalement ils décident de la tirer au sort, sort qui oblige Thierry à abandonner la petite princesse à son frère.

Radegonde, résignée, fait donc son balluchon pour être trimballée cette fois avec le reste du butin de guerre à Soissons, où se tient la cour de Clotaire, laissant derrière elle le royaume de ses pères qui n’est plus qu’une ruine.

Malgré son peu de moralité, le roi de Neustrie éprouve quelque scrupule à épouser une enfant impubère (petite précision : pour les Francs, le mariage se réduit en fait à la consommation charnelle..). Clotaire reste donc dans son palais avec seulement Arégonde (2), sa deuxième épouse, ainsi que quelques concubines officielles,  pendant que Radegonde est emmenée de force à la villa royale d’Arthies en Picardie, où elle reçoit d’Ingonde, la première épouse de Clotaire, une éducation intellectuelle et religieuse très poussée.
Pour se changer les idées des meurtres épouvantables dont elle a été le témoin en Thuringe, la jeune princesse, qui a vu ses parents et ses amis égorgés puis abandonnés sans sépulture aux charognards, se donne corps et âme aux études. Elle bénéficie à Arthies de l'enseignement des meilleurs professeurs, qui lui transmettent les subtilités de la culture classique ainsi que, malgré ses origines païennes, une fervente piété religieuse. Radegonde fait preuve d'une grande intelligence, au point qu’elle est considérée comme une des femmes les plus brillantes de son temps.

C’est donc vers une Radegonde raffinée et très cultivée que les regards de Clotaire se tournent lorsque Ingonde meurt, à seulement 35 ans.

Radegonde est alors âgée de 18 ans. Mais comme on s’en doute, le temps qui a passé depuis son enlèvement n'a pas fait oublier à la princesse que c’est Clotaire qui a assassiné toute sa famille, aussi Radegonde ne saute-t-elle pas de joie à l’idée d’épouser son tyran (i.e. partager sa couche, je rappelle). Seulement voilà : tout comme les femmes romaines, les femmes franques sont subordonnées à la volonté des hommes, si bien que la seule issue pour Radegonde est de prendre ses jambes à son cou. Ce qu’elle fait avec la complicité de ses servantes.

Par une nuit sans lune, le petit groupe de femmes embarque sur un frêle esquif qui glisse silencieusement sur les eaux de l'Omignon. Malheureusement, les fugitives naviguent dans la mauvaise direction, se rapprochant dangereusement de Vitry où on est en train d’organiser le banquet de mariage. Comprenant leur erreur peu après Péronne, elles font demi-tour et remontent le courant à la rame, mais le cours d'eau devient impraticable. Radegonde entraîne alors sa suite à continuer à pied, en portant la barque à bout de bras, jusqu’à l'Oise. De là, la jeune femme et ses compagnes remontent la Seine, au risque de se rapprocher de Paris qui est alors aux mains de Clotaire, puis bifurquent par l'Aisne vers le nord pour rejoindre le royaume de Thierry. Elles traversent Soissons sans encombre mais sont reconnues près de Missy, des portraits robots ayant été diffusés dans tout le royaume par le cruel Clotaire. C'est comme ça que s'achève la folle escapade.

Puisque la future reine est à Soissons, Clotaire décide de la rejoindre dans sa capitale, pour que le mariage y soit célébré …

 

(1) Où l'on apprendra qui étaient les Francs

(2) Où l'on s'émerveillera de l'ingéniosité de ceux-ci pour se trouver épouse(s)

 

Et pour voir des photos de Soissons : CLIC

13 janvier 2013

Où l'on apprend que Clotaire ne rechignait pas à se dévouer

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Fier guerrier, tyran à ses heures, Clotaire a une folle passion pour la gent féminine. Bien qu'ayant de nombreuses concubines, rien ne lui plaît autant que de s'encanailler et de séduire.

Son épouse, la douce et discrète Ingonde s'offusque d'autant moins de ses moeurs dissolues qu'elle a appris, comme toutes les femmes de Germanie, à se plier aux volontés de son seigneur et maître.

Heureux, le mariage d'Ingonde et de Clotaire l'est sûrement pour que la reine adresse en toute confiance à son époux la requête que voici : Ingonde a une jeune soeur, Arégonde, et elle s'inquiète pour son avenir.

"Acceptez de désigner pour ma soeur, qui est aussi votre servante, un mari intelligent et riche", implore-t-elle.

Clotaire, qui malgré tout ce qu'on raconte à son sujet a un bon fond, aussi sec se rend à la villa où sa belle-soeur séjourne. Là, il tombe raide d'admiration devant la jeune vierge et sans hésiter une seconde la fait sienne. Comme vous le savez maintenant, eu égard aux traditions mérovingiennes, leur union charnelle a valeur de mariage légal.
Tout content de la façon dont il a résolu le problème Arégonde, le roi s'en retourne à la Cour et s'empresse d'annoncer la bonne nouvelle à sa femme.

"Cherchant l'homme riche et intelligent qu'il me fallait marier à ta soeur, je n'ai trouvé personne de meilleur que moi. Apprends donc que je l'ai prise pour épouse".

Pendant qu'Ingonde digère ce revirement qui fait de son propre mari son beau-frère, Clotaire court se dévouer auprès de Gontheuque, la veuve de son frère Clodomir ..

13 janvier 2013

Les tribus franques

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Je prends la liberté d’appeler Francs germaniques les trois frères qui possédaient la Thuringe (située au  centre de l’Allemagne actuelle), pour vous permettre de les différencier des Francs saliens qui occupaient ce qui deviendrait notre future France.

En réalité, les Francs est un terme générique pour désigner un ensemble de tribus d’origine germanique, pas seulement allemande comme on le pense peut-être, mais aussi scandinave.

En raison de l’immense diversité des peuples composant la Germanie, les historiens l’ont divisée en trois branches (nordique, occidentale, orientale), elles-mêmes subdivisées en sous-groupes.

Les Francs font partie du sous-groupe des Germains de Rhénanie, ce sont des "Germains occidentaux".

Le mot Franc signifie homme libre, vaillant.

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Avec leur arrivée au début du cinquième siècle, tout change en Gaule. De contrée florissante qui égale presque l’Italie par sa civilisation et sa culture intellectuelle, la Gaule se transforme en un champ de désolation. A cette foule confuse venue de tous les points du Nord, Sicambres, Suèves, Sarmates, Chamaves, Ampsivariens, se mêlent les Gaulois qui ont échappé aux massacres. Il en résulte la plus bizarre variété dans les armes et dans la manière de se vêtir.

Les Francs, d’après la description de leurs contemporains Tacite et Sidoine Apollinaire, sont très grands et très blonds. Ils ont les yeux bleus et étincelants, la voix forte, l’air farouche, le corps d’une grande blancheur. C’est une race audacieuse, prompte, indomptable, aimant le danger. L’été, ils habitent des huttes ; l’hiver, des souterrains.

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Les Francs n’ont pas de soldats ; c’est la nation qui marche à la guerre. Les femmes conduisent leurs enfants, suivent leurs maris, pansent leurs blessures, et au besoin, combattent.

Tous les hommes en état de porter les armes prennent part au combat, où les uns vont nus, les autres à demi couverts de la dépouille de bêtes, et le plus petit nombre avec des vêtements courts et serrés qui prennent exactement la forme du corps. Le jeune guerrier porte au bras un anneau de fer, et ne le quitte qu’après une belle action qu’on appelle la rançon du brave.

Au temps de Tacite, l’usage des longs cheveux n’appartient, entre tous les peuples germains, qu’aux Suèves. Ceux-ci relèvent leurs cheveux et les ramènent sur le sommet de la tête pour en former un ou plusieurs noeuds.

Les autres Francs adoptent d’abord cette mode puis l’abandonnent pour celle qui consiste à ce que le derrière de la tête soit entièrement rasé, que les cheveux de devant tombent sur le front et que ceux des côtés descendent le long des joues jusque sur les épaules.

Pour se rendre plus impressionnants dans les combats, les Francs peignent, comme les anciens Gaulois, leurs cheveux avec une composition d’un rouge très vif. Leurs lèvres s’ombragent de longues moustaches mais seuls les "grands" portent la barbe.

Du Ve au IXe siècle, les Francs cohabitent donc sur les terres qui deviendront beaucoup plus tard la France, la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas.

Dans les faits, les "rois de France" portent le titre de roi des Francs jusqu’à Philippe-Auguste (XIIe siècle).

 
 

Franks_expansion

expansion des Francs depuis l'avènement de Clovis (481)

8 janvier 2013

Vilain petit canard

caneton

 

Marie écrit ici : J'espère que tu apprécies la chance que ta maman t'ait parlé de son accouchement, ce n'était pas si évident que cela.

J’apprécie, en effet. Ma maman était toujours prête à me fournir des réponses, même si on peut s’interroger sur la qualité des informations qu’elle me donnait, et qui font que lorsque je me suis pointée, on ne peut plus guillerette, pour "aller faire" ma première fille, j’ai été, comment dire .. un peu surprise de la tournure que prenaient les événements ;-)

Cette curiosité m'étant venue toute jeune, ma Maman m'avait appris très tôt que les enfants s’achètent en magasin et que lorsque le lot de garçons (spécimen très recherché) est épuisé, on se retrouve avec une fille, cruauté qui par deux fois avait frappé mes parents.

Un peu plus tard il y eut quelque progrès dans les explications, sauf que celles-ci avaient été à ce point sommaires que je me demandais bien si c’était réellement suffisant de s’allonger côte à côte pour que le bébé arrive. Bien que particulièrement naïve, il me semblait fortement qu’un élément primordial avait été omis (je n’eus pas plus de détails au sujet de la voie de sortie du bébé, autre que "par le ventre ! "  – notez, je vous prie, l’évidence traduite par le point d’exclamation final qui ne tolére aucune autre question).

Le mystère resta entier jusqu’à ce qu’adolescente, je fis moi-même mes propres investigations en ce domaine ..

Le plus étonnant en fait, c’était que ma mère parle si librement de ces choses dans une famille où les femmes étaient d’une pudeur en parfaite adéquation avec l’époque. Maman, du coup, faisait office de vilain petit canard, voire de délurée - et en tirait une certaine gloire, il faut bien le reconnaître.

Comment cela s’est-il pu ? une ébauche de réponse est que, lorsque Maman perdit son père à l’âge tendre de deux ans, mon arrière-grand-mère Valentine l’a emmenée en Suisse où elle vivait avec son autre fille. C’est cette autre fille qui a élevé Maman. Or, autant la mère de ma mère était prude et réservée, autant sa jeune sœur était, disons, "nature". Autant ma grand-mère n’eut qu’un seul amour dans sa vie, autant la deuxième s’en laissa conter … un certain nombre de fois.

De plus, ma grand-tante habitait une ferme où ma mère, voyant les animaux mettre bas et observant comment les femelles en étaient arrivées là, en tira des conclusions fort judicieuses sur les choses de la vie.

C’est comme ça que, de retour en France, c’est Maman qui fit l’éducation "obstétricale" de sa sœur aînée, enceinte du premier de mes cousins…

 

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Maman en petit Suisse

(éternel "garçon manqué")

 

8 janvier 2013

avec Maman en Suisse

Mamy Nad Man Suisse

7 janvier 2013

xıɐd

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Petite virée hier dans la ville qui m'a donné le jour. Ca me fait penser que Maman disait toujours "qu'elle adorait aller faire ses enfants" (i.e. accoucher), avec un petit mouvement plein de joie.

Les faire, je dis pas. Les avoir, même, à la rigueur .. 

Mais adorer aller les faire ?????

Misère. Ma mère était maso.

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Je ne sais pas vous, mais moi j'adore les églises.

En plus celle-ci était toute vide. Chance.

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Un sentiment de paix, de recueillement.

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Ah ! qu'est-ce que je disais !

 

Mon fils, l'autre jour : " Ca doit être bien d'être le fils de Dieu... t'as des ailes de fonction, tout ça .."

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 Oh bah alors j'ai fait trois grands sages. Tout le portrait de leur mère !

6 janvier 2013

Un mensonge

escalier

 

Quelque chose s’est passé dernièrement qui m’a complètement assommée. Ce que je ressens c’est un peu comme au moment de mon divorce, quand mon ex a enlevé ma fille aînée, qu’il a demandé sa garde et qu’il l’a obtenue. Il l’a obtenue parce que son avocate a proféré un mensonge, et que ce mensonge visiblement a été suffisant pour faire basculer non seulement ma vie, mais celle de ma fille, puisque mon ex ne faisait pas cela par amour d’elle, mais par haine de moi. Ou peut-être pour une autre raison. Mais quelle importance ?

Je ne lui en veux plus. J’ai fait, avec lui aussi, la paix dans mon cœur. Lui par contre, je le sais, m’en veut encore parfois, et continue de se pourrir la vie avec des choses qu’il ne me pardonne pas. C’est son problème. Ce que je sais, moi, c’est que je suis en paix avec cette partie de mon passé. Elle a été ce qu’elle a été, d’une violence inouïe. Mais on ne peut ni revenir en arrière ni rattraper le temps perdu, ces deux années où je n’ai pas vu ma fille se transformer en femme – seulement deux années qui, encore aujourd’hui, me semblent  une éternité - ce temps est irrémédiablement perdu. J’ai mis presque 20 ans à l’accepter, mais ça y est.

Par contre, ce qui m’assomme toujours autant, c’est le jugement des autres, des étrangers pourtant. Comment peut-on s’octroyer le droit de proférer un jugement alors qu’on ne sait rien de rien ? qu’est-ce qui permet à certains humains de prétendre savoir mieux que soi ce qui est bon pour soi et bon pour ceux que l’on aime le plus au monde ? qu’est-ce qui peut bien permettre à certains d’imposer des directives de vie qu’on n’a même pas sollicitées et de fiche des vies en l’air ? et surtout, pourquoi ?? Comment en est-on arrivés là ? La société va donc si mal que nous voilà pour tous les domaines de la vie de pauvres assistés, qu’on nous croit capables de rien, ni de prendre ses responsabilités, ni d’assumer ses choix, ni d’élever ses enfants ?

1 janvier 2013

Notre seule marge de liberté

1rose

 

Chers amis,

j’espère que vous avez passé une belle fin d’année, et pour ceux qui étaient seuls, que 2012 s’est éteinte avec beaucoup de douceur.

Pour la vie qui continue en ce premier matin de 2013, je vous souhaite d’accepter les choses comme elles viennent, d’avoir des désirs et des projets bien sûr, mais aussi d’accueillir le cœur grand ouvert tout ce qui n’est pas prévu. Laissez du vide dans votre vie, un peu comme autrefois la place à table du vagabond qui pouvait surgir. L’imprévu, voyez-vous, est notre seule marge de liberté. Il peut être aussi une force, lorsqu’on doit affronter des événements douloureux, la maladie par exemple, contre laquelle généralement on se révolte tellement c’est injuste. Du coup on dépense une énergie folle. Et inutile. Car lutter contre ce qui est ne sert à rien, il faut plutôt se couler dans la vague, nager dessus au lieu de la prendre à contre-courant et s’épuiser.

Perdue tout à l’heure dans mes pensées de ce que je voulais vous dire, j’ai glissé sur un petit jouet qui traînait par terre. Boum. Accepter l’imprévu, c’était ça mon concept ? alors je ne dis rien et je me relève, très digne.

J’ai reçu, en cette fin d’année, un merveilleux cadeau : je suis en train de faire la paix avec ma mère morte. Je lui en ai voulu toute ma vie, je la rendais responsable de tous mes nœuds de froid au cœur. Et voilà que je l’épouse, et voilà qu’elle m’illumine, et voilà même, immense émotion, que Maman me manque. Elle me manque enfin. C’est une réconciliation douloureuse et merveilleuse à la fois.

Mes amis, à ceux que vous aimez, dites que vous les aimez, avec des câlins, des mots doux, des gestes auxquels ils ne s'attendent pas, tout ce qui est tendre donnez-leur, et je vous souhaite d'en recevoir autant, par brassées,

que 2013 vous tienne au chaud dans tout votre amour.

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