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le blog de Ambreneige
maman
10 septembre 2012

Je les remets au vent

femmfleurs

Mon fils, hier soir : "Papy et mamy ne s’aimaient pas, n’est-ce pas ?"

Et moi de le regarder avec des points d’interrogation plein les yeux : "Mais si, mes parents s’aimaient ! qu’est-ce qui te fait penser une telle chose ?"

"Mamy disait toujours un tas de trucs contre les hommes !"

Alors moi : "Mais c’était une boutade !"

Et de lui raconter ...

Tu sais, dans les années 60, le père était chef de famille, il ramenait la paie et à ce titre avait droit à moult égards, ma maman tenait la maison (très bien), repassait les chemises, préparait à manger (très bien et trop : ma sœur et moi on était énormes) (enfin surtout moi). Cette situation était normale, chacun avait son rôle et on ne remettait pas ces choses en question.

Mamy néanmoins souffrait de la dépendance financière qu’elle avait à son mari. A cette époque, la carte bleue n’existait pas, et Papy remettait une somme d’argent chaque semaine à Mamy pour faire les courses et il lui fallait faire avec .. heureusement que les parents de mon père étaient là, mon grand-père était menuisier, ma grand-mère teinturière, elle avait son commerce qui marchait bien et combien de fois elle a dépanné maman pour les courses, mes grands-parents avaient le cœur sur la main et pour ça, malgré des débuts houleux entre ma mère et sa belle-mère, la première n’a jamais oublié ce que la seconde a fait pour elle.

Puis il y a eu 68 qui a tout chamboulé. Pour commencer, Maman a passé son permis de conduire !!! bon, ce n’est pas pour autant qu’elle a pu conduire tout de suite, mon père n'avait sans doute pas assez confiance pour lui confier sa voiture, à moins que ça touchait à sa "virilité" ? ;-)

Bref.. petit à petit, maman a grignoté de l’autonomie, faisant ressortir alors sa nature Scorpion (clin d’œil à Reynald).

Il faut que je te précise qu'alors les femmes étaient considérées comme des "mineures" sous tutelle, même après 21 ans (âge légal de la majorité jusqu'en 1975). Elles n'avaient pas le droit de travailler si leur père ou leur époux s'y opposait. Si leur "tuteur mâle" leur accordait ce droit, pas question qu'elles puissent gérer les ressources financières qu'elles en retiraient : aucune banque ne leur ouvrait un compte à leur nom et prénom. Après 68, mon père a autorisé ma mère à s'ouvrir un compte mais je me rappelle que son chéquier était au nom de Madame (nom et prénom de mon père).

Mai 68 a entraîné une certaine libération des femmes. Dans les années 1970, maman a commencé à prendre la pilule (contraceptive), c’était une merveille qu’on ne peut même pas imaginer aujourd’hui !!!

Bref, tout cela pour te dire qu’à cette période, Mamy a commencé à dire et à faire des choses qu’elle ne s’était jamais autorisées à dire et faire avant, donnant aux conversations de nos réunions de famille des allures d’affrontements, même si dans la réalité cela ne changeait rien : maman continuait à faire le ménage, repasser les chemises et papa à travailler à l’extérieur. Ils s’aimaient, ça c’est sûr, même s’ils ne se parlaient pas (ça ne se faisait pas à cette époque).

 

Lettre à mon mari que j’aime

Pour la première fois depuis ta disparition, je range ton petit coin de chambre et je pleure. Tu me manques terriblement et je ne t’ai pas assez dit combien je t’aimais. Chaque coin de cette maison déserte me rappelle ta présence. C’est vrai que la vie de celui qui reste est un enfer. Je te parle et j’espère que tu m’entends.

Tu me disais un soir <j’ai peur> je t’ai tenu dans mes bras toute la nuit en te disant, tant que je suis là tu n’as rien à craindre. Nous étions trempés tous les deux tant tu transpirais. Nous n’avions pas la parole facile et je regrette terriblement de n’avoir pas été à tes côtés en ces derniers instants. Tes yeux ce soir-là le 24/9 à 21h me disaient tu ne me reverras pas.

Depuis le 25/9 je suis bloquée, enfermée dans ma carapace. J’étouffe et ma gorge se noue par des nœuds. Pourquoi ? pour être brave devant mes enfants, Nadège m’a beaucoup aidée, je ne sais pas si elle en est consciente mais je le pense.

Aujourd’hui je ne suis pas bien car je range un peu et je découvre que tu avais conscience que tu ne reviendrais pas. Tous les petits papiers que je trouve me le disent.

Avons-nous assez parlé ?

C’est trop tard et je suis seule.

 

Voilà Maman, tu n’es plus bloquée. Tu m’as laissé ce mot, intentionnellement ou non, comme toutes les autres lettres "que tu voulais que je prenne après ta mort", pour que je te libère de ce poids qui t’étouffe.

Tes mots, Maman, c’est toute la tendresse de notre passé, tout l'amour qu'on ne s'est pas dit.

Tes mots, Maman, je les remets au vent.

 

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8 septembre 2012

De très loin

vent

Après la mort de ma mère, j'ai traversé une période où j’ai revécu toute mon enfance en rêve. Bilan, je passais toutes mes nuits en larmes, avec la trouille au ventre. Cette plaisanterie a duré environ deux ans.

J’ai toujours mis la douceur plus haut que tout. J'étais une petite fille douce et câline, et cette petite fille qui croit que la douceur c’est toute la vie, elle n’a jamais grandi. Chaque fois que j’ai aimé, au nom de cette è-('è_çè(hgjd de douceur j’imaginais toujours qu'en étant douce tout se passerait toujours bien. Tiens chéri, prends le pouvoir ! prends, CADEAU ! prends tout ! sers-toi !!! j’ai adhéré aux suspicions, intrusions, manipulations, harcèlements, aux rondes des surveillances, interrogatoires, culpabilisations, justifications, justifier tout, même s’il n’y avait rien à justifier. Jusqu’à mes pensées, "À quoi tu penses? À qui tu penses ? ". Je n’existais pas, la relation exclusive prenait toute la place, voilà, exactement comme quand j’étais petite. C’était confortable, au moins un terrain connu ! rentrer dans ce jeu me permettait de ne pas assumer ce que j’avais envie, ou peur, de vivre. En fait, j’ai toujours dit que "l’homme" ne me parlait pas, ou qu’il me parlait "trop" (ce qui revient tout à fait au même) mais moi non plus je ne lui parlais pas. Parce que je me sentais petite, parce que j‘avais peur, peur qu’il crie, qu’il juge, qu’il interprète, qu’il se mette dans des colères terribles .. les mêmes que celles de mon père.

En fait, je n'ai jamais eu de communication avec un homme dans le cadre d'une relation dite amoureuse. La "communication" était à sens unique, le sien, c’est en tout cas ce que je me suis dit très longtemps, jusqu’à ce que je réalise qu’en réalité, il y avait son sens à lui, l’exclusif, mais il y avait aussi mon sens à moi, l’exclusée. Car j’aimais ça avant, être "à lui", complètement "à lui". Ca m’enveloppait, je retrouvais la relation à mon père qui contrôlait tout..

Un jour, c’était il y a longtemps, 20 ans peut-être, j’ai poussé un cri, un long cri, un cri d’animal. Je me rappelle j’étais dans ma chambre et la fenêtre était ouverte. Je ne sais pas le temps qu'a duré ce cri, je sais seulement qu'il venait de très loin, de très profond. Rétrospectivement je me demande ce qu’ont bien pu penser les voisins, sûrement que j’avais mal, mais en même temps c’était ça, j’avais mal et aucun mot à ma diposition pour dire de quoi.

Aujourd’hui, on entend beaucoup parler de la seule fidélité qu’on se doit et qui est la fidélité à soi-même. C’est une belle phrase même si je ne sais pas trop ce qu’elle veut dire. Mais ça a l’air sympa, et puis ça doit être drôlement reposant d’être fidèle à soi.

En même temps, c’est un peu tristoune. Quand on est fidèle à soi c’est qu’on ne peut pas s’offrir le luxe d’être fidèle à un autre.

Un lot de consolation, en quelque sorte.

24 août 2012

Tout s'explique

eau

Mon élément préféré ? l’eau !!! j’adore l’eau, j’adore nager !! Et cet amour, c’est à mes parents que je le dois !!

A ma mère d’abord.

Issue d’un milieu très pauvre, elle avait dû travailler dès l’âge de 16 ans, à peine son certificat d’études décroché.

"Certifikadétud’ ?? ouaich !! c’est quoi ça ???"

Ça, mon jeune ami, c’était alors la certitude que l'on savait lire et écrire correctement !

Or donc, on était pauvres dans la famille de ma maman,  mais ce n’est pas pour autant que la vie était triste. C’est juste que ce qu’on finissait par obtenir avait plus de valeur. Or, ma mère désirait deux choses : un accordéon et camper au bord de la mer.

Avec sa première paie, elle s’était offert cet instrument dont elle avait rêvé toute son enfance et qu’elle réclamait inlassablement au Père Noël (qui avait fini par remplacer les oranges par un harmonica mais qui ne lui avait jamais apporté d’accordéon).

1952 Man St Prix

Avec la seconde paie, elle s’était acheté une petite tente.

 4Man tente

Dès que l'occasion se présentait, ma mère partait avec sa petite tente sur le dos. C’est comme ça que très jeune, elle a découvert les plaisirs du camping et de la natation (dans la Méditerranée, if you please !).

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Quant à mon père ..Ah ! mon père ! une personne comme lui ne peut que me faire éprouver un large panel d'émotions et de sentiments forcément contradictoires ! Je vous ai souvent parlé de lui en ne brossant que la partie qui m'a fait souffrir et me terrifiait, et du coup, vous l'imaginez sans doute comme un espèce d'ogre. Et pourtant. Mon père a été le seul homme sur qui je pouvais m'appuyer, sur qui j'ai toujours pu compter.

Mais revenons à notre natation.

Mon père était un adolescent timide et solitaire qui se réfugiait dans les études, les livres, loin du monde violent qui l'entourait (il a connu la guerre quand il était petit, son grand frère a fait de la Résistance, son père a été prisonnier en Allemagne, et ensuite lui-même est parti en Algérie à l'âge tendre de 20 ans). Mon père était très renfermé. En plus, pour ses parents, seuls le travail et les études comptaient, alors les vacances .. Pourtant, mon père est parti régulièrement à la mer. Avec qui ? avec sa tante maternelle qui emmenait tous les étés ses propres enfants aux Sables d’Olonne.

C’est donc tout naturellement les Sables que mon père a fait découvrir à ma mère lorsqu'ils sont partis camper ensemble pour la première fois. Et d’ailleurs, c’est là, paraît-il, que j’ai été conçue, par une épouvantable nuit d’orage. Mes jeunes parents plein de la fougue de leurs 20 ans avaient planté leur tente dans les environs d'un endroit au nom charmant :

le Trou du Puits d’Enfer !!

puits_enfer

Si la nuit avait commencé avec de chaleureuses étreintes, elle s’était terminée à tenir les piquets de la tente pour ne pas qu’elle s’envole. Bilan : que ce soit au début ou à la fin, ils n’avaient pas fermé l’œil de la nuit.

Mon emménagement dans le ventre de ma mère s’est donc passé sur fond sonore de mugissements maritimes et de bourrasques d’un vent de folie. "Tout s’explique !!!!" m’avait rétorqué Frédéric la première fois que je lui ai narré la chose (qu’avait-il bien pu vouloir dire par là ????).

Bref. Mes premières vagues, c’était donc celles des Sables, pour mes un an.

 aout 56 Sables Pa Nad

aout 56 les Sables

A partir de l’été suivant et de la naissance de ma sœur, mes parents s’étaient contentés de la Manche, parce que c’était beaucoup plus près.Eh oui, ce n’est pas parce que Maman avait ses deux petites (Brie avait un mois) que ça l’empêchait de partir. Un vrai sirop de la rue, ma mère ! enfin, du sable en l’occurrence.

a juil 57 Francev

sous la tente : Brie avec notre père

Ce n’est pas compliqué, on partait tous les étés. Au début sous la tente, et franchement mes parents avaient un sacré courage, trimballer tout le fourbis pour cinq personnes dans la remorque, ensuite déballer, planter la tente, puis remballer, reprendre la voiture, re-déballer, etc (oui, parce qu’en plus ils avaient la bougeotte !).

Bien entendu, c’est mon père qui m’a appris à nager. Ce qui fait que je ne nage sûrement pas aussi bien que les jeunes que je croise à la piscine, qui filent comme des dauphins avec une maîtrise parfaite.. mais je nage et j’aime ça..

Ce à quoi je pense ? à tous ces moments de joie pure que mes parents nous ont offert en nous emmenant à la mer. Vous avez déjà léché les fines traces blanches laissées par le sel de la mer sur votre peau ? vous avez déjà sauté par-dessus les vagues ? vous avez déjà observé, sous l’eau, ce petit monde d’une richesse inouïe ?

Bon OK, la mer c'était aussi le bronzage des premiers jours. Enfin, quand je dis bronzage .. à l'époque on ne connaissait pas encore les méfaits du soleil, ce qui veut dire que les premiers jours on virait d’abord rouge écrevisse (oui, parce que j’ai oublié de vous dire que mes parents adoraient l’Italie, un pays où comme qui dirait t’es sûr d’avoir toujours du soleil), après quoi on pelait (je vous raconte pas les nuits qu’on passait avec ma sœur, on ne supportait même pas le drap de couchage sur la peau, rhhaaaaa !!) ..Maman nous collait du vinaigre pour soi-disant soulager les brûlures, ce qui fait qu’en plus de puer la vinaigrette on attirait tous les moustiques du quartier ! aaaaaaah !! c’était le bon temps !!

Partout où on passait, on se baignait. C’est ainsi qu’on a nagé dans ..

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 les lacs suisses, comme celui de Vevey

a Ouistreham

la Manche

PICT4612la mer

l'Adriatique

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l'Adriatique toujours.. (elle nous a connus par coeur celle-là !!)

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l'Atlantique, avec parfois des vagues..

 Nad Hourtin 1966

plus hautes que nous et qui nous recrachaient sur la rive

sans maillot !!

hourtin ds la mer 1966 nous 3l'Atlantique toujours,

aout 1966 ste marie de la mer

..plus on approche de l'Espagne, plus la mer est bleue !

meregee

la mer Égée

corfou

la mer ionienne

aout74 dia

les chutes de Škradin (ex-Yougoslavie ;-))

**

 

Et vous les amis ??
 
votre ''élément" préféré ??

(¯`*´¯)
`*.¸.*
¸.*¨ ¸.*¨)
(¸. .´ ¸¸.`¨
*

3 juin 2012

Bonne fête Maman(s) !

original envoye a Brie recto

Je ne sais pas si ma soeur s'en souvient, mais assez rapidement on n'a plus appelé nos parents papa et maman. Notre père, on l'appelait "Dad" (papa en anglais) et notre mère, je l'appelais Moutie ou Moute (de "Mutti" en allemand) et ma soeur l'appelait Glougloute. Ach so ! Glougloute !! ne me demandez pas de quoi ça vient, un délire quelconque comme d'hab !! mais je ne me rappelle plus lequel ..

original envoye a Brie carte

Bien entendu on a toujours fêté la fête des Mères. On la ratait d'autant moins que ça tombait avec l'anniv de notre père (donc on fêtait les deux), et moi qui ai si souvent relevé des concordances de dates au cours de mes recherches généalogiques, cette "coïncidence" ne me surprend guère..

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Aujourd'hui, ma maman n'est plus là pour que je la fête, mais en ce jour de Fête des Mères, il y a deux autres femmes vers qui vont mes pensées.

La première, c'est ma grand-mère paternelle, qui m'a aimée comme on aime quant on aime, c'est-à-dire sans condition. Et c'était d'autant plus louable que c'était le genre de personne qui jugeait les autres sur l'apparence, sur le milieu social, etc - eh bien elle a tout accepté de mes choix par amour de moi.

C'est elle aussi qui, en lieu et place de ma mère, m'a "accompagnée" pendant mes grossesses et montré comment m'occuper de mes bébés quand je m'étais retrouvée jeune maman.

Ce qui est dommage, c'est que j'ai été la seule à profiter de son amour. Ben oui, dans notre famille "qui ne fait aucune différence" c'est fou le nombre de chouchous qu'il y avait ! rire eh bien j'étais le chouchou de ma grand-mère.

Une pensée pour une deuxième femme que je ne vois plus : la mère de mon ex et donc grand-mère paternelle de mes filles. Elle a été ma mère par procuration, elle a été la mère que j'aurais tellement aimé avoir.. quel dommage que nous ayons divorcé ! emo triste enfin .. c'est comme ça !

Ceci dit, n'oubliez pas une chose .. toutes et tous autant que nous sommes, on fait ce qu'on peut. Et on le fait du mieux qu'on peut !


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Bonne fête à toutes les mamans !

 

ma grand-mère : clic clic

11 mai 2012

Avant qu'elle parte

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Il y a une chanson que mon fils écoute et que j’aime beaucoup, il s’agit de "Avant qu’elle parte".

Avant qu’elle parte, dis à ta mère que tu l’aimes.

Dis à ta mère que tu l’aimes. C’est quelque chose que je n’ai pas fait assez, ou plutôt que j'ai fait, mais mal.

Je pense à elle, je la revois sur son lit d’hôpital, je me rappelle le moment où ma sœur était sortie de la chambre pour aller boire un café et que j’étais restée près d’elle en lui serrant la main, cette main qu’elle avait si petite et si fine. Aujourd’hui, quand je pense à elle, je vois ses mains de petite fille. Et surtout, je vois son chagrin. Celui d’avoir eu un fils qui n’était pas le fils qu’elle avait tant espéré. Ca l'a minée de l’intérieur, lentement, occultant tout le reste.

Mais moi à ce moment-là je ne pensais pas à ça. Je voulais seulement qu’elle me parle. Je ne voyais pas sa souffrance, je ne voyais pas sa détresse. Je ne voyais que les mots qu’elle ne me disait pas.

Et je lui en voulais.

Maman est tombée dans le coma le jour de naissance de sa propre mère. Elle est morte deux jours après. Et je n'avais pas réussi à lui demander pardon.

Et puis il y a eu les lettres. Les lettres qu’elle a écrites à mon père lorsque, comme tant d’autres jeunes gens, il est parti en Algérie. A ce moment-là, Maman était enceinte de ma sœur.

Et c’est seulement là, au milieu des mots qu'elle égrenait pour lui, que j’ai senti sa peur, la terreur ronde qu'elle avait que l'histoire se répète, qu'elle aussi comme sa mère et sa grand-mère perde l’homme qu’elle aimait et se retrouve seule avec ses filles. Cette peur de perdre ne l'a jamais quittée.

Je n'arrive pas à savoir si aujourd'hui, je lui ai pardonné. Par contre ce dont je suis sûre, c'est que je regrette de ne pas lui avoir donné plus. Plus de chaleur, plus de tendresse, plus de temps. Je la voyais trop comme la jeune maman qu'elle avait été. Je ne la voyais pas comme la femme fragile qu'elle était devenue. Paradoxalement je me demande si cela aurait été possible puisque nous étions tellement fermées, elle sur ces choses qu'elle ne disait pas et moi sur ces choses que je disais trop.

Il y a un temps pour le silence, et c'est ce que sa mort m'a appris.

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25 avril 2012

Comme une grappe de raisin sur un rameau sec

raisin blc soleil

 

Vous le savez car je vous en ai rebattu les oreilles, j’ai été profondément marquée par certains événements de mon enfance, plus particulièrement par la violence de mon père envers ses filles, et par ce que je tenais de la part de ma mère pour de l’indifférence.

Là où ma sœur, la tête haute, s’est rebellée, j’ai suivi le chemin balisé de la soumission, ce qui n'a pas empêchée que je sois mal jugée par les miens.

Ma famille ne se résume plus aujourd’hui qu’à une seule personne (je ne parle pas de ma sœur, elle est une autre moi-même,  celle que j’aurais certainement été si je n’avais pas été celle que je suis ;-)).

C’est de cette unique personne dont je vais parler aujourd’hui.

Il y a dans quasi toutes les familles des choses qu’on sait et qu’on ne dit pas, choses qui peuvent devenir de véritables carcans qui nous étouffent et nous empêchent de nous construire en tant qu'être libre et autonome.

Lorsqu’on s’intéresse à la généalogie très jeune, on découvre forcément ces secrets de famille que génération après génération tout le monde s’est appliqué à dissimuler. Se pose alors un choix : faut-il en parler ou le garder pour soi ?

Parce que j’étais "loyale" sans le savoir – c’est un mot à la mode qui veut dire qu’on reste dans le "droit chemin" tracé pour vous par vos parents – lorsque j'étais jeune j’ai gardé toutes mes découvertes pour moi. Du reste, les membres de ma famille n’y accordaient pas d’intérêt, terrorisés qu’ils étaient à l’idée que je trouve ce que tout le monde savait et dont on ne parlait pas (on préférait se crier dessus, se vouant une haine féroce en déballant des trucs vieux de quarante ans).

Au fur et à mesure que je découvrais des choses "inavouables", que certaines de mes questions restaient sans réponse, j’avais, pour reprendre une merveilleuse expression de ma fille aînée, l’impression qu’on m’avait vidé des sacs-poubelle entiers dans la tête.

Au moment de la mort de ma mère, ma famille n’était plus réduite qu’à une seule personne. Les quelques autres parents que nous avons ont dû juger que ce que nous avons fait de notre vie n’était pas assez bien, enfin j’en sais rien, peu importe.

Cette personne, assez curieusement, nous est tombée dessus, sur ma sœur et sur moi, avec ses jugements et sa colère. En fait, elle nous a balancé toute la colère qu’elle ne pouvait plus adresser à notre mère. Enfin pour être honnête, c’est contre moi précisément qu’elle l’a retournée. Cela avait été extrêmement violent, d’autant plus violent que j’étais en deuil et que je ne comprenais absolument pas comment je me retrouvais être le sujet d’une colère aussi virulente.

A la suite de ça j’ai "coupé les ponts", et ceux qui me connaissent peuvent mesurer par là-même la gravité de la chose pour que j’en sois rendue à une telle extrêmité (ça devait être la première fois que je coupais les ponts avec quelqu’un, c’est dire !).

Puis le temps a passé, faisant son œuvre bienfaitrice. Mon affection pour cette dame, âgée maintenant, a repris ses droits. Oui sans doute, elle s’est "mal" comportée à cette période, et alors ? puis-je jurer que moi-même, je ne l’ai jamais blessée ?

De toutes façons, j’ai besoin d’elle. J’ai besoin de savoir comment elle va. Elle fait partie de ma vie, et si les premières reprises de contact ont été difficiles (elle me balançait pas mal de piques à chaque fois, des reproches, etc ..), petit à petit l’échange est redevenu serein.

Et puis hier, je cherchais quelque chose dans ma boîte à courrier, quand je tombe sur une lettre qu’elle m’avait adressée il y a quelques années (avant la mort de ma mère) suite à un petit "différends" entre ma mère et moi (c’est le moment où je commençais tout juste à essayer de dire ce que je ressentais).

Et je me suis mise à lire ..

"J’ai toujours parlé d’amour, je suis intarissable sur ce sujet, et je ne peux vivre sans l’amour des miens, et mes enfants savent bien qu’ils nourrissent mon envie de vivre par leur amour, sinon je dépérirai comme une grappe de raisin sur un rameau sec. L’amour, c’est donner, comprendre, relativiser, pardonner, et c’est aussi, surtout, échanger.

Ma chérie, j’ai été très surprise de ton attitude hier, et je t’écris ce matin car je n’ai pas bien dormi cette nuit. En effet, tu nous as dit à ta mère et à moi qu’on ne te comprenait pas, c’est vrai, et je ne vais pas développer ce sujet qui, pour moi, est de peu d’importance par rapport aux graves soucis qui alourdissent ta vie en ce moment.

J’ai constamment été considérée comme une personne forte moralement, mais ma force, je l’ai toujours puisée dans la confiance, l’aide et la foi que j’avais dans mon mari, mes parents, mes enfants et ma famille.

Maintenant il me reste mes enfants, mes sœurs et mes nièces. J’ai toujours et plus que jamais besoin de l’amour de ceux qui me restent, et c’est vital pour moi.

Alors fais comme moi, ma chérie, aime, réfléchis positivement, relativise, donne à ta maman l’amour dont elle a besoin et essaie d’être brave pour affronter les problèmes de ta vie sans t’arrêter aux peccadilles."

9 avril 2012

Ishindenshin

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On critique souvent internet et les rencontres dites virtuelles mais je trouve qu’on ne dit pas assez à quel point internet est un outil fabuleux. Il permet, non seulement de faire des rencontres qu’on n’aurait jamais pu faire autrement (comme c’est le cas pour une de mes premières amies du net, qui est Québécoise) mais aussi, et surtout, de communiquer ishindenshin : d’esprit à esprit, sans être influencé par l’apparence physique, qui, quoiqu’on en dise, donne toujours dans la réalité une couleur particulière dès le début d’une relation. On n’y peut rien : notre premier sens sollicité, c’est la vue, et c’est elle qui influe, consciemment ou non, sur le fait qu’on ait envie ou non de construire une relation et sur la manière dont on va le faire.

Pour en revenir à ma Québécoise, nous nous sommes rencontrées il y a six ans, c’est-à-dire tout juste lorsque j’ai commencé à blogguer. Enfin plus exactement, j’ai rencontré simultanément Diane et une autre personne, homme de son état.

L’être humain me fascine depuis longtemps, et si je suis capable de rire (aux éclats) ou de pleurer (à gros bouillons) devant des gens que je ne connais pas, il n’en reste pas moins que mon étalage spontané d’émotions (je parle notamment de mes interminables délires entretiens téléphoniques avec Diane) leur était réservé spécialement à eux : Diane, mon amie québécoise et l’autre personne que par commodité je vais appeler B.

Des dons comme ça à corps (é)perdu, aussi fous, aussi confiants, aussi spontanés et ouverts que l’avait été ma rencontre avec eux, je peux les compter sur les doigts d’une seule main. Alors c’est vrai, aidée par ma nature quelque peu emportée je me suis jetée dans ces deux relations à vitesse grand V. Je leur ai livré avec beaucoup d’audace ce qui me faisait sourire, souffrir, rougir, plaisir. Je me suis abandonnée. Avez-vous déjà remarqué que dans "abandonner" il y a "donner" ?

Je voudrais vous parler de ma "rencontre magique" avec eux. J'étais arrivée complètement par hasard sur le blog de Diane au moment où elle le commençait tout juste, j'étais donc sa première visiteuse. Elle y avait mis l’image d’un soleil sur l’eau, celle-ci :

soleil sur la mer

Cette image m’hypnotisait, je venais souvent la regarder en attendant que Diane vienne écrire de nouveau, comme si quelque chose au profond de moi, (ce que Diane appelle "notre rencontre dans une vie antérieure") savait déjà, (la) connaissait déjà.

C’était pareil pour B., car la première fois que je suis venue sur son blog, il l’avait mis en pause avec l'image d'une bougie, et je venais regarder la petite flamme de la bougie avec beaucoup de patience en attendant son "retour" (déjà, rien que le fait que je fasse preuve de patience était un signe :D).

Il y avait plein de signes entre nous trois, plein de petits hasards. Peut-être était-ce plus palpable du fait que sur internet on est dans l’irrationnel, je ne sais pas..

Toujours est-il que le 7 avril 2007, le jour où ma maman est morte, celle de Diane est morte aussi.

Et c’est comme ça que Diane m’a dit au téléphone ce que vous pouvez lire ensuite.

2 mars 2012

Ne pas courber l'échine

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Ma mère était une personne extrêmement introvertie. Une mère introvertie se livre peu, c’est un doux euphémisme. Alors quand on tombe par hasard sur un livre qu’on lui a offert et qu’on découvre qu’elle l’a commenté, ça fait comme un froid au cœur : ses mots comme des perles enfilées sur un collier d’émoi.

"La vie est un passage sur terre", avait écrit ma mère. "On devrait profiter au maximum des bons moments qui nous sont donnés. On a le regret de tous ces moments perdus, dans la détresse, avec le remords d’avoir raté quelque chose. La vie n’a pas de prix, je crois qu’on s’en aperçoit trop tard quand les années nous ont rattrapés. On se regarde dans la glace, on dit encore merci quand on se reconnaît. Malgré les rides, ces sillons creusés par le temps, les cheveux blancs, les douleurs sournoises de la tête aux pieds. Enfin on appelle cela vieillir.

Mais ce sont des étapes à franchir on essaie de faire pour le mieux sans se laisser abattre. Ne pas courber l’échine ! se redresser !"

Mai 2003, quatre ans avant sa mort.

14 novembre 2011

caca prout

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Vous rappelez-vous vos Noël d’enfant ? chez nous, le mystère restait entier jusqu’à la dernière seconde. Oh bien sûr, on le "préparait", on en parlait, il fallait être particulièrement sages sinon il est évident que le Père Noël ne passerait pas. On confectionnait des décorations. Je me rappelle avoir fait et peint de petites étoiles, ça doit être un des rares trucs manuels que j’ai réussis, sans doute parce qu’il s’agissait de les dessiner d’abord ;-)

La veille du jour J, c’était un réveillon de tous les diables, on le faisait souvent chez ma marraine où il y avait un garage attenant à la maison qui permettait de recevoir plus de monde, mais il est arrivé aussi qu’on le fasse chez mes parents, qui étroitesse du logement ou pas n’auraient pour rien au monde prétexté le manque de place pour ne pas réveillonner avec toute la famille. Comme je l’ai déjà dit, mes parents avaient le goût de la fête, qui entre nous soit dit, génère le goût de la vie.

D’ailleurs, enfant, à un âge où on n’arrive pas à bien formuler ce qu’on ressent avec des mots, j’éprouvais des émotions pour le moins paradoxales : un sentiment d’angoisse extrêmement invalidant, du fait de la violence de mon père à notre endroit (à ma sœur et moi), et en même temps un sentiment de bonheur, de "chaleur", à cause de ces réunions familiales régulières où l’amour et la joie dégoûlinaient.

Or donc, nous réveillonnions, et croyez-moi, ce n’était pas un vain mot ! la famille de mon père, qui "n’avait pas l’esprit de famille", comme on dit, a été vite mise au pas, vu que ma marraine les invitait (pourtant ils n’étaient pas de "sa" famille). Ce qui fait que ça a réveillé en eux des joies simples qu’ils croyaient avoir oubliées pour toujours, comme celle de danser.

Bon, comme d’hab, je vous ai fait une introduction qui part dans tous les sens. Je voulais juste dire que donc, chaque matin du 25 décembre, on découvrait au pied du sapin de Noël un décor de conte de fée, un étalage de cadeaux qui occupait la moitié de la salle à manger – bon, OK, elle était petite, mais quand même ! on recevait des choses qu’on avait attendues et espérées toute l’année, voire plusieurs années de suite – mon premier électrophone, le livret de Roméo et Juliette de Shakespeare (ben quoi, j’ai toujours été fleur bleue !), le 45 tours de Peter Holm ("Monia"). Je me rappelle aussi de nos poupées Bella, pour lesquelles Maman, le Noël suivant, avait tricoté elle-même toute une garde-robe. Enfin quand je dis Maman, je parle du Père Noël, bien sûr !!!

Noël était vraiment LA fête de l’année, la plus belle. Du reste, pour Pâques je me rappelle aussi des œufs durs qu’on peignait mais par contre pas du tout de nos anniversaires. Nos parents les fêtaient-ils, en tout cas quand on était petits ?

Mais bon. Tout ça c’était avant.

Aujourd’hui, nous sommes en novembre 2011. Vous pénétrez dans un grand magasin dans le but innocent de faire trois-quatre emplettes, que déjà le mois dernier, vous avez eu bien du mal à localiser au milieu des citrouilles et autres masques d’horreur d’Halloween. Or donc, vous entrez sans vous méfier. Et là, que découvrent vos yeux ébahis ? (on n’est même pas encore en décembre, je vous rappelle) : une orgie de peluches géantes, une avalanche de jouets, un Himalaya de petites voitures qu’immédiatement, chacun de vos trois petits-fils fourrent dans leurs poches dans le but bien précis de repartir avec. Vous négociez qu’ils les reposent, moyennant un passage rapide aux rayons jouets. Là, vous découvrez que vous n’êtes pas les seules à vous être faits avoir (ouf !). D’autres enfants, bloc-notes en main, sont en train de lister tout ce qu’ils veulent pour Noël, avec les prix. Leurs parents les suivent avec sur le visage un air blasé de martyres.

PB123903rSoudain, le plus jeune de vos petits-fils tombe en arrêt devant une "Cars" deux fois plus grande que lui. Le souffle lui manque devant tant de beauté. Il entreprend de la déloger de son étagère, mais vu la taille du carton géant, il y a lutte acharnée. Enfin, la voiture convoitée est entre ses bras ; enfin, façon de parler : elle le dépasse d’une taille. C’est pas ça qui l’arrête : puisqu’il ne peut pas porter le carton, il se met à le pousser en clamant "caca prout" (ses frères lui ont assuré que lorsqu’on veut quelque chose, ça se dit "caca prout"). Votre fille cadette se penche vers son petit dernier, et avec une patience admirable, lui explique que nous sommes venus acheter à manger, que pour ce qui concerne les jouets elle comprend combien cela est frustrant, elle compatit, mais que néanmoins ça ne la concerne pas, c’est au Père Noël qu’il faut s’adresser et qu’on ne peut pas le joindre avant un bon mois. Le petit semble se calmer. Mais dès que sa mère a le dos tourné, il se saisit d’une Cars moins volumineuse et la colle dans sa poussette, s’asseyant dessus pour la dissimuler. Las ! comme il fallait s’y attendre, ça sonne au passage en caisse. Alors là, je ne sais pas si je vais réussir à décrire correctement ce qui s’ensuit, tant l’événement fend le cœur. Je vais quand même essayer. La caissière se saisit de l’objet du délit ; l’enfant mû par une souffrance sans nom, jaillit de sa poussette comme un ressort et disparaît en courant, immédiatement suivi de ma fille et moi-même, complètement affolées. Rapidement, nous localisons le petit garçon agenouillé devant sa Cars et hurlant à la mort Cacaaaaaaaacaa prout Caaaaars ! pendant que ses grands frères, qui manquent cruellement de compassion, se bidonnent comme des fous. Le spectacle est d’autant plus insolite saisissant que ce petit garçon de 4 ans, agenouillé, a une superbe tonsure sur le dessus de la tête, façon "Chaussée aux Moines" depuis que ses frères lui ont joyeusement coupé les cheveux sous le prétexte que c’est lui le chouchou.

Eh oui mes chers amis, voici la triste réalité : la plus belle fête de l'année est devenue un moyen sûr de martyriser à l'infini de pauvres enfants qui ne nous ont rien fait..

5 novembre 2011

depuis la nuit des temps

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Ma maman, qui était du 2 novembre, disait toujours qu’elle était née "le jour des morts".

Cette notion du Jour des Morts est très ancienne puisqu’elle remonte à plusieurs siècles avant la naissance de Jésus. Tout commence il y a très longtemps, lorsque des hommes arrivent du Danube par vagues successives, passent le Rhin, et se fixent sur  une terre fertile abondamment arrosée de cours d’eau, dotée d’un climat tempéré, ensoleillé et pluvieux, une sorte de jardin d’Eden qui, des centaines d’années plus tard, s’appellerait la France. Ces hommes, qui s'appellent eux-mêmes les Celtes, les Grecs et les Romains les appellent des Gaulois.

Peu à peu, ces "Gaulois celtes" répandent sur l'accueillant territoire sur lequel ils se sont installés leurs lois, leurs coutumes et leurs rites. Car ces ancêtres venus d’ailleurs aiment notre terre, ils l’ensemencent, la cultivent, la font fructifier, ils se battent jusqu’à la mort pour la préserver. Ils nous ont légué leur joie de vivre, leurs grandes gueules, leur imagination débordante, leur attirance pour le fantastique, leur goût pour la belle ouvrage, leur faculté d’adaptation et leur farouche amour de la liberté. Seulement voilà, un jour le besoin de jouir de tout ce qui fait du bien au corps remplace la certitude de la Survie de l’Esprit qui rendait négligeable aux premiers Gaulois la perte de la vie, et c’est comme ça que les rites se sont perdus dans la nuit des temps. Enfin passons, et revenons à nos Celtes.

Nous sommes au premier siècle avant notre ère, la quinzième nuit avant atenoux de Cutios (le premier novembre d’aujourd’hui). Oui, parce que nos ancêtres les Gaulois ne comptent pas les jours comme nous. D’abord pour commencer, ils ne comptent pas en jours : ils comptent en nuits. Pour eux, c’est la nuit qui précède le jour, et pas l’inverse (même si au bout d’un moment, on peut imaginer que la nuit ne va pas tarder à le suivre, enfin passons). Les noms des mois gaulois, n’en déplaise à Goscinny, se terminent par –os et pas par –ix. L’année gauloise commence en juin, par le mois de Samonios. Elle se termine donc en mai (logique) par le mois de Cantlos. Chaque mois est divisé en deux quinzaines, avant et après atenoux (la nuit du milieu).

Donc, pour en revenir à nos moutons, nous sommes la 15e nuit avant atenoux de Cutios, et nous fêtons Samonios, ou Samain, c’est-à-dire la célébration du début de la saison sombre – puisqu’il n’existe que deux saisons, la sombre et la claire.

Samain n’appartient ni à la saison claire (qui s’achève), ni à la saison sombre (qui va commencer). C’est une période autonome, hors du temps, "un intervalle de non-temps" qui permet aux vivants de rencontrer les défunts. Elle marque une rupture dans la vie quotidienne : la fin des conquêtes et des rafles pour les guerriers et la fin des travaux agraires pour les agriculteurs-éleveurs. Elle permet aussi aux défunts, non réincarnés, de passer dans le monde des vivants pour y retrouver les lieux et les personnes qui leur sont chers. C’est pour cela qu’elle est propice aux événements magiques et mythiques.

Comme toutes nos grandes fêtes, Samain compte trois jours de solennités : le premier est consacré à la mémoire de nos héros, le deuxième à celle de tous les défunts, et le troisième aux réjouissances populaires et familiales marquées par des réunions, des banquets, des festins de toutes sortes qui peuvent se prolonger une semaine durant.

La veille a eu lieu la cérémonie de la renaissance du feu. Les propriétaires des maisons ont éteint les feux de l’âtre avant de se rassembler à la nuit tombante sur la place où les druides ont procédé à l’allumage d’un nouveau feu sacré en frottant quelques bois secs du chêne sacré. Ils ont ensuite allumé de grands feux de joie sur les collines environnantes pour éloigner les esprits malfaisants. Puis chaque maître de maison est reparti avec quelques braises tirées du nouveau feu sacré pour rallumer un nouveau feu dans l’âtre de sa maison, feu qui doit durer jusqu’à la prochaine fête de Samain et protéger ainsi le foyer tout au long de l’année.

Dans cette dernière nuit d’Ogronios (31 octobre), le monde des morts, des fées et des sorcières entre en contact avec celui des vivants. Les âmes des défunts reviennent errer autour des maisons des vivants, c'est pourquoi on laisse la porte entrouverte et une place à table, et on place des lanternes sur les chemins pour les guider .. Nos enfants n’en sont pas effrayés. Ils savent toutes ces choses, puisque dès l’âge de sept ans, ils viennent recevoir l’enseignement oral dispensé par les druides instituteurs. Ils y apprennent par cœur la vie de nos héros - chantée par les bardes -, le calcul, le rythme des saisons, la composition de l’univers, le nom des étoiles, le courage, l’honneur, les droits et les devoirs envers notre peuple et envers leur famille. Nos enfants ne craignent pas la mort, ils savent qu’elle n’est qu’un passage, que notre esprit ne peut pas mourir, qu’un jour, il se sépare du corps qu’il a animé pendant la vie et quitte le troisième cercle pour se fondre dans le deuxième, celui qui entoure le cercle central, celui de l’Incréé que Nul n’Ose Nommer. Oui, cette entité primordiale, nul ne s’adresse directement à Elle. Ce sont des intermédiaires qui se chargent de transmettre nos prières et de recevoir en Son nom des sacrifices, que dans la pauvreté de notre langage, nous appelons des dieux : Toutatis, le protecteur de la tribu ; Lug, le compagnon des voyageurs ; Tarranis, le dieu du tonnerre ; Cernunnos, le barbu aux cornes toujours renaissantes ; Sucellus, le frappeur au marteau, qui, le moment du passage venu, séparera le corps de l’esprit.

Mais les montagnes, les sources, les arbres, oeuvres directes de l’Incréé sans le secours de la main de l’homme, sont la preuve évidente de son existence.

Donc, cette quinzième nuit avant atenoux de Cutios, on ne se couche pas. On chante dans les rues, on boit et on ripaille. La joie est sur tous les visages, on danse sur la place, les manteaux bariolés des hommes se mêlent aux chitons des filles qu'on aperçoit sous leur cape. Les épouses se blottissent dans les bras de leur mari et les jeunes gens échangent des sourires. Un garçon essaie d’attirer l’attention d’une jeunette, elle peut avoir quinze ou seize ans, elle est fine, jolie, rêveuse, et comme toutes les femmes ne se mêle pas de la conversation des hommes. Elle fixe les flammes du feu. Il semble qu’elle a senti le regard sur elle car ses joues rosissent. Elle disparaît derrière une tenture, revient avec un pichet de cervoise, prend des timbales sur une étagère et sert à boire. Lorsque le jeune homme saisit la timbale qu’elle lui tend, leurs doigts s’effleurent.

N’est-ce pas comme ça que les amours se font depuis la nuit des temps ?

31 juillet 2011

au quart de tour

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Sa première intervention ne présageait absolument pas de la tournure que prendrait notre relation. Elle s’était manifestée d'une façon qui m'avait parue extrêmement virulente, sur un post que j’avais écrit où je parlais de vaincre les méchants à la force de notre petit cœur rempli d’amour et de nos bras remplis de fleurs. Elle avait démonté ma baraque à coups de tournures bien senties où il était question des vilaines multinationales (je connaissais même pas le mot), des produits empoisonnés qu’on nous fait ingurgiter et de toutes les horreurs qu’on ne nous dit pas.

Ça a été sa première leçon sur le fait qu’on vit pas au pays des Bisounours. Le choc a été rude.

Deux mois après Maman est tombée malade ; en fait Maman a cumulé le diagnostic et, dans la foulée, la conclusion. C’est le moment que j’ai choisi pour tomber amoureuse du Prince Charmant version Prince de Lu.

Ben elle était là. Elle m’a pas lâchée. Matin, midi et soir elle épongeait mes torrents de larmes avec une patience infinie. C’était pourtant du grand n’importe quoi mon histoire ! Comme si j'avais besoin de me fourrer dans un plan aussi foireux en plus de tout le reste. Faut dire qu’à force que les mecs m’arrachent le cœur de l’aorte et sautent dessus à pieds joints comme des malades, il finit par plus y voir très clair, ce pauvre cœur. Mais bref, elle était là, donc. Elle m'a écoutée, réconfortée. Elle m’a prise au sérieux !!

Oh sans doute, elle a pas que des qualités non plus (même si elle en a beaucoup).

Par exemple, elle démarre au quart de tour. Ya certains sujets qu’il ne faut surtout pas aborder avec elle, sinon on ne peut plus l’arrêter.

Et puis aussi, elle est sensible (susceptible). Elle fait comme si que quoi, mais en fait non. Elle y est vraiment. Faut faire attention avec ça.

Mais à part ça, c’est vraiment une personne rare. Authentique. Moi, je l’aime.

Et comme c’est son anniv aujourd’hui, ben je trouve que c'était une bonne occasion de dire tout cela.

Clo, je te souhaite de tout mon cœur un merveilleux anniversaire !

15 juin 2011

comme un boomerang

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J’ai un vrai souci avec les sentiments. D’abord, je leur accorde trop d'importance. Faut reconnaître que rien que le mot est magnifique ! et puis les sentiments, c’est la seule véritable spontanéité incontrôlable : la souffrance ou la jalousie qui poignarde le plexus, la joie, le désir qui fait battre le cœur et vous coupe le souffle. On ne décide pas de ressentir des sentiments, c'est pas quelque chose qui s'atténue, s'annule, s'évite, se rejette. Les sentiments s’imposent et on doit vivre avec. Même si certaines personnes croient avoir du pouvoir sur ce qu’elles éprouvent, même si elles s’empêchent de se laisser submerger, moi je crois qu’au final, ça leur revient comme un boomerang.

En tout cas pour ma part j’ai décidé de me laisser faire, comme une poupée de chiffon. Quand je les sens m’envahir, je ne me défends pas. Faut dire qu’en plus, je suis une ressenteuse née. Maman disait toujours que ce que je ressens se lit sur mon visage. Eh oui, je suis une nana lisible. C'est bizarre d'ailleurs l’image que je peux donner : fofolle, mais aussi forte et posée. Ce n’est pas tout à fait faux, notez. Mais tellement pas vrai, notez aussi. On m’a tellement souvent dit que je suis solide.. Solide ! J’en déménagerais sur une autre planète. Ce n’est pas parce qu’on ne peut s’appuyer sur personne qu’on a besoin de personne, croyez-moi.

Lorsque j’étais petite, je réclamais inlassablement : des câlins, des bisous, des câlins et des bisous. Maman, les bras ballants, se laissait enlacer en disant : "arrête de faire la meule !!"

En grandissant, on aurait pu espérer que la chose s’arrange. Que nenni. Ça s’est même aggravé. Je continue de faire la meule. Là où on vous "NON", vous faites quoi, vous ? vous laissez tomber et vous changez sans doute de crèmerie ?

Ben moi j’insiste. Encore. Encore. S’teuplèèèèèèèèèèèè !!!!

Est-ce du masochisme ? de la stupidité ?

Je sais pas.

Toujours est-il que je reste persuadée qu’on a tous besoin d’être aimé. C’est pas la solitude le problème, l’humain est tout à fait apte à vivre seul. C’est le besoin d’amour.

Du reste, pourquoi chercherait-on à se détacher si c’était pas pour ne plus souffrir du besoin qu'on a d’être attaché ???

18 mars 2011

fais comme si

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Fais comme si, mon amour,

Fais comme si on s’aimait,

Fais qu’un jour, rien qu’un jour,

L’amour, c’était vrai ..

J’ai été bercée par les chansons de Piaf, que mes parents écoutaient presque autant que Brassens, Aznavour et Brel.

C’est curieux, les paroles de cette chanson me viennent régulièrement ..

Fais comme si …

Est-ce parce que les histoires d’amour dans ma famille n’ont toujours été que des mirages ? qu’il fallait quand même donner le change, ne pas dire, sauver les apparences, faire comme si .. ? Bon, c’est sûr aussi que l‘époque ne se prêtait guère aux états d‘âme ...

Je vais vous raconter une histoire.

C’était il y a très longtemps, bien avant que les Romains n’occupent la région.

À cette époque, notre Gaule, après avoir subi l’invasion des Celtes, était occupée au Nord par les Gaulois belges. Une chronique ancienne raconte qu’entre le IVe et le IIe siècle avant JC, les Ménapiens chassés du bord du Rhin se réfugièrent dans les plaines du nord de la Gaule. Les Attrébates s’opposèrent à leur installation, et une grande bataille eut lieu en place où bien après, naquit le village où toute ma lignée paternelle vit le jour. C’est ainsi que cet endroit prit le nom de : Illies (le malheur).

Puis au Ve siècle, les plaines de l’Artois furent envahies par les Francs. Les Romains, qui avaient investi la Gaule comme vous savez, mènent alors dans la région une expédition punitive. Or un jour, après avoir franchi un carrefour, traversé la rivière de la Deûle au lieu dit Vicus Helena, et s'être enfoncés sur une route au travers des marais, Aétius et ses Romains surprennent une bande de Francs occupés à célébrer un mariage sur la rive et les mettent en totale déroute. En mémoire de ce couple de barbares qui connut le malheur le jour de ses noces, le lieu a pris le nom de Marq-illies = marqué par le malheur.

C'est ce nom que je porte, le nom de mes pères depuis le XIIe siècle.

C'est drôle, je me faisais la réflexion récemment que je serai la dernière à le porter !

Fini le malheur !

heureuz

Bonjour, la vie !!!!!!!!

3 octobre 2010

fondue suisse etcetera

Chère soeurette, chères amies,

j'ai scanné un vieux bouquin ..

le_jardin_enchant__1954

.. oups ! où ai-je la tête ? pardonpardon.

Je parlais de ceci :

aaattention .. tadaaaaaaaaaaaammmm !!!!

livr_cuisine_Mamy_Fernande

Voilà : il s'agit du livre de cuisine de ma grand-mère (suisse), autrement dit son livre de chevet, que dis-je son livre de chevet ? sa Bible ! (qui a dit : dommage qu'Ambre ait pas hérité de ses talents culinaires ???)

liv_cuisine_1erep

Maman m'avait expressément demandé de le conserver, ce que j'ai fait ( bien que toutes les pages se détachent ..)

livr_cuisine_pp

bon, en bonne suissesse, ya dedans un truc de pub pour la fondue. Aaaaaaah, la fondue ! Maman était haute comme trois pommes lorsque mon arrière-grand-mère l'asseyait déjà à côté du poëlon pour lui montrer à touiller la fondue en huit. Oui, Mesdames, Mesdemoiselles, (et Messieurs qui passez ici par hasard) :

recette_fondue_par_Man

la fondue suisse se touille en huit.

6 septembre 2010

plus haut que nous-même

Maman_photo_identit_

Maman, 17 ans

Méfions-nous de notre besoin d’amour : il peut éloigner de soi alors même que l’on croit s’en rapprocher. Discernons qui nous aime : si l’autre nous aime, il nous mène toujours plus haut que nous-même. Il n’est pas là pour nous faire descendre dans les enfers du désespoir.

Écouter cette voix amie qui n’est autre que cette part de nous bienveillante. Qui nous veut du bien et veille sur nous.

Catherine Bensaïd

6 septembre 2010

Un tel acharnement

Maman

Je vous présente ma Maman lorsqu'elle était jeunette

1952 Nice

à Nice, qu'elle adorait,

 1952 mann Nice

ville que je n'ai pas l'honneur de connaître ..

Luc_sur_Mer_1957

Cette jupe, je m'en rappelle trop bien, pour la bonne raison que je les lui chipais toutes (elle ne les portait plus mais ma mère ne jetait jamais rien). Elles étaient superbes, pleines de couleur, une merveille de féminité !

 

Maman_sur_la_plage_24_ans

(pourquoi n'ai-je toujours connue ma mère qu'en pantalon ????)

Man_St_Trojan_1953 

encore une de Maman.

Mais pourquoi vous montre-je ça ? allez-vous vous demander avec votre esprit extrêmement perspicace.

Eh bien parce que voyez-vous, ma maman avait gardé sensiblement la même silhouette toute sa vie (si ce n'est un peu de bedon à la ménopause). Or, cette femme, avec ses belles hanches rondes et sa taille de guêpe héritée de sa grand-mère suisse (Valentine), cette femme, disais-je, s'enfermait une fois par semaine dans un espèce de truc dont ne sortait que sa tête, un machin de torture qui la faisait suer sang et eau et qui était censé la faire maigrir.

Oui. Ma mère se trouvait grosse. Et je ne parle pas du machin (dont j'ignore le nom) dont elle se frottait les cuisses tous les jours pour "faire fondre les capitons" comme elle disait, au point qu'elles en devenaient écarlates. En plus, j'ai essayé une fois : ça fait mal !

Bon ceci dit, ça l'empêchait pas de cuisiner et de manger "à la suisse" ;-))

Maman_en_petite_suisse

 

Mais bon, pour en revenir à la réflexion que je me suis faite en retrouvant ces photos de Maman, je me dis, mais quel truc de fou ! c'est quoi exactement que Maman voulait faire disparaître avec tant d'acharnement ???

4 septembre 2010

les Sables

Pourquoi les Sables d'Olonne ?

remblai

D'abord parce que, comme je vous l'ai raconté ici,

j'y ai été conçue.

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Ensuite parce que c'est le premier endroit

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où je suis partie en vacances..

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.. et où j'ai découvert ..

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.. la mer !

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.

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.

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(à côté de mon père, sa cousine Martine)

En fait,

mon père y passait l'été avec sa tante..

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.. lorsqu'il était jeune.

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Papa (15 ans) avec son cousin Jean-Pierre

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Papa (16 ans), toujours avec Jean-Pierre

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17 ans ..

Papa_les_Sabl_aout_52

18 ans

L'endroit assurément lui plaisait beaucoup, parce que lorsqu'il a rencontré Maman qui adorait camper (dans le Sud de la France), il s'est empressé de l'y emmener.

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Et c'est donc là que les atteignants ..

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s'atteignirent

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et ce ne fut pas pour me déplaire

aout_56_Sables_Man_Nad

de voir enfin de mes yeux vus

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l'endroit où je leur vins au monde.

1 septembre 2010

quand ça brûle

aout_56_les_Sabl_Maman

Maman, août 1956, les Sables d'Olonne

Est-ce que l'amour se mesure ? On ne peut pas mesurer le feu, mais seulement savoir quand ça brûle, trop ou pas assez.

Sylvie

T'en penses quoi, Maman ?

30 août 2010

ma belle sentinelle

C’était au cours de mon escapade briochine. Les deux plus jeunes de mes petits-fils avaient eu leur petit cadeau-souvenir, sauf l’aîné. Nous étions donc retournés à la librairie, où mon troisième petit-fils avait jeté son dévolu sur un petit livre, à défaut de quelque chose de typiquement breton (entre parenthèses ya pas grand-chose de typiquement breton à St Brieuc !).

C’est donc là que j’ai pris ce livre, comme ça.

tu_m_appell_en_arrivantJ’aime bien être choisie par un livre de cette manière. C‘est souvent une agréable découverte - si on omet les passages où l‘auteur s‘exprime de manière un peu crue (en tout cas à mon goût).

J’aimerais partager avec vous un des extraits que j’ai surlignés. Patrick Sébastien y expose une théorie qui m’a intéressée, une théorie qui peut-être, explique la force qui, curieusement, émanait de moi au moment où mon père a été emporté par un cancer : alors que Maman se reposait totalement sur moi, que ma sœur était effondrée, une force et une énergie absolument phénoménales côtoyaient mon chagrin et mon désarroi pourtant immenses (mon père était le pilier de la famille, et lui malade, le monde s‘écroulait).

Voici l’extrait en question :

" Le teint de Maman se grise et elle continue à rétrécir. Perdue dans le lit trop grand, elle est là sans y être. Donc, rien de réconfortant. Et pourtant, un état d’âme nouveau s’est installé en moi. Une robustesse, une volonté surprenante. Je me remémore mes découragements tout juste récents comme si c’était ceux d’un autre. N’ayant rien consommé qui puisse me rendre euphorique à ce point, je n’y vois qu’une explication : l’âme de Maman commence à s’enfuir, et de ce fait, vient pan après pan se poser près de moi pour me consolider. (…)

À la mort de mon fils, j’ai senti une force étonnante prendre le pas sur l’abattement. Cette force m’a conduit sur scène le soir même, m’a fait tenir étonnamment droit, pendant tout le chemin du deuil. Je suis persuadé que ce sont les morceaux d’âme de mon fils qui ont étayé ma douleur. Et ces fragments sont venus me soutenir dès que j’ai appris la nouvelle. Comme s’ils avaient été transférés dans l’instant, pour ma sauvegarde. La force que je ressens ce soir est du même ordre, moins abrupte, s’installant réellement mais montant en puissance au fil des heures. Comme si tout ce qui se vide de Maman me remplissait inexorablement.

Ma tristesse sera immense, bien sûr, mais je garderai toujours un sourire en coin. Maman est déjà là, tout près.

Ma belle sentinelle ! "

29 août 2010

le problème

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Je ne sais pas c’est quoi le problème avec moi, mais ya toujours un moment où je me retrouve toute seule sur le bord du chemin. Où faut que je lâche du lest. Bon, ceci dit, est-ce vraiment un problème ? allez détache-toi Nad, détache-toi, lâche .. lâche prise ..

Tout ça n'est pas si grave !

Allez hop, haut les coeurs ! comme disait Maman.

Après tout, cheminer seul, n'est-ce pas ce qu'on fait toujours, même si on essaie de se persuader du contraire ?

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