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le blog de Ambreneige
14 novembre 2011

caca prout

perenoel139

Vous rappelez-vous vos Noël d’enfant ? chez nous, le mystère restait entier jusqu’à la dernière seconde. Oh bien sûr, on le "préparait", on en parlait, il fallait être particulièrement sages sinon il est évident que le Père Noël ne passerait pas. On confectionnait des décorations. Je me rappelle avoir fait et peint de petites étoiles, ça doit être un des rares trucs manuels que j’ai réussis, sans doute parce qu’il s’agissait de les dessiner d’abord ;-)

La veille du jour J, c’était un réveillon de tous les diables, on le faisait souvent chez ma marraine où il y avait un garage attenant à la maison qui permettait de recevoir plus de monde, mais il est arrivé aussi qu’on le fasse chez mes parents, qui étroitesse du logement ou pas n’auraient pour rien au monde prétexté le manque de place pour ne pas réveillonner avec toute la famille. Comme je l’ai déjà dit, mes parents avaient le goût de la fête, qui entre nous soit dit, génère le goût de la vie.

D’ailleurs, enfant, à un âge où on n’arrive pas à bien formuler ce qu’on ressent avec des mots, j’éprouvais des émotions pour le moins paradoxales : un sentiment d’angoisse extrêmement invalidant, du fait de la violence de mon père à notre endroit (à ma sœur et moi), et en même temps un sentiment de bonheur, de "chaleur", à cause de ces réunions familiales régulières où l’amour et la joie dégoûlinaient.

Or donc, nous réveillonnions, et croyez-moi, ce n’était pas un vain mot ! la famille de mon père, qui "n’avait pas l’esprit de famille", comme on dit, a été vite mise au pas, vu que ma marraine les invitait (pourtant ils n’étaient pas de "sa" famille). Ce qui fait que ça a réveillé en eux des joies simples qu’ils croyaient avoir oubliées pour toujours, comme celle de danser.

Bon, comme d’hab, je vous ai fait une introduction qui part dans tous les sens. Je voulais juste dire que donc, chaque matin du 25 décembre, on découvrait au pied du sapin de Noël un décor de conte de fée, un étalage de cadeaux qui occupait la moitié de la salle à manger – bon, OK, elle était petite, mais quand même ! on recevait des choses qu’on avait attendues et espérées toute l’année, voire plusieurs années de suite – mon premier électrophone, le livret de Roméo et Juliette de Shakespeare (ben quoi, j’ai toujours été fleur bleue !), le 45 tours de Peter Holm ("Monia"). Je me rappelle aussi de nos poupées Bella, pour lesquelles Maman, le Noël suivant, avait tricoté elle-même toute une garde-robe. Enfin quand je dis Maman, je parle du Père Noël, bien sûr !!!

Noël était vraiment LA fête de l’année, la plus belle. Du reste, pour Pâques je me rappelle aussi des œufs durs qu’on peignait mais par contre pas du tout de nos anniversaires. Nos parents les fêtaient-ils, en tout cas quand on était petits ?

Mais bon. Tout ça c’était avant.

Aujourd’hui, nous sommes en novembre 2011. Vous pénétrez dans un grand magasin dans le but innocent de faire trois-quatre emplettes, que déjà le mois dernier, vous avez eu bien du mal à localiser au milieu des citrouilles et autres masques d’horreur d’Halloween. Or donc, vous entrez sans vous méfier. Et là, que découvrent vos yeux ébahis ? (on n’est même pas encore en décembre, je vous rappelle) : une orgie de peluches géantes, une avalanche de jouets, un Himalaya de petites voitures qu’immédiatement, chacun de vos trois petits-fils fourrent dans leurs poches dans le but bien précis de repartir avec. Vous négociez qu’ils les reposent, moyennant un passage rapide aux rayons jouets. Là, vous découvrez que vous n’êtes pas les seules à vous être faits avoir (ouf !). D’autres enfants, bloc-notes en main, sont en train de lister tout ce qu’ils veulent pour Noël, avec les prix. Leurs parents les suivent avec sur le visage un air blasé de martyres.

PB123903rSoudain, le plus jeune de vos petits-fils tombe en arrêt devant une "Cars" deux fois plus grande que lui. Le souffle lui manque devant tant de beauté. Il entreprend de la déloger de son étagère, mais vu la taille du carton géant, il y a lutte acharnée. Enfin, la voiture convoitée est entre ses bras ; enfin, façon de parler : elle le dépasse d’une taille. C’est pas ça qui l’arrête : puisqu’il ne peut pas porter le carton, il se met à le pousser en clamant "caca prout" (ses frères lui ont assuré que lorsqu’on veut quelque chose, ça se dit "caca prout"). Votre fille cadette se penche vers son petit dernier, et avec une patience admirable, lui explique que nous sommes venus acheter à manger, que pour ce qui concerne les jouets elle comprend combien cela est frustrant, elle compatit, mais que néanmoins ça ne la concerne pas, c’est au Père Noël qu’il faut s’adresser et qu’on ne peut pas le joindre avant un bon mois. Le petit semble se calmer. Mais dès que sa mère a le dos tourné, il se saisit d’une Cars moins volumineuse et la colle dans sa poussette, s’asseyant dessus pour la dissimuler. Las ! comme il fallait s’y attendre, ça sonne au passage en caisse. Alors là, je ne sais pas si je vais réussir à décrire correctement ce qui s’ensuit, tant l’événement fend le cœur. Je vais quand même essayer. La caissière se saisit de l’objet du délit ; l’enfant mû par une souffrance sans nom, jaillit de sa poussette comme un ressort et disparaît en courant, immédiatement suivi de ma fille et moi-même, complètement affolées. Rapidement, nous localisons le petit garçon agenouillé devant sa Cars et hurlant à la mort Cacaaaaaaaacaa prout Caaaaars ! pendant que ses grands frères, qui manquent cruellement de compassion, se bidonnent comme des fous. Le spectacle est d’autant plus insolite saisissant que ce petit garçon de 4 ans, agenouillé, a une superbe tonsure sur le dessus de la tête, façon "Chaussée aux Moines" depuis que ses frères lui ont joyeusement coupé les cheveux sous le prétexte que c’est lui le chouchou.

Eh oui mes chers amis, voici la triste réalité : la plus belle fête de l'année est devenue un moyen sûr de martyriser à l'infini de pauvres enfants qui ne nous ont rien fait..

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Commentaires
W
aurais-tu subi la jalousie de Brie ??? elle t'a chauvétisée durant votre jeunesse ?????<br /> Bon si tu veux nous raconter encore d'autres histoires rigolotes, tu refais un tour avec eux dans l'antre du méga-jouet ..là au moins on est certains d'entendre les enfants s'exprimer .... moi, je ne l'y emmenais pas donc, j'ai pas ri à ce propos !!!!mais quelle tranquillité hihihihi
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A
Suite de la goinfrerie, si j'ai une crise de foie pour noël ce sera de ta faute !
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R
Rire ainsi de la désespérance d'un petit innocent déjà martyrisé par ses frangins, c'est trop cruel!<br /> Il avait bien compris que le renoncement obligé valait une petite compensation, mais voilà que la caissière se range aussi du côté des tourmenteurs. C'est tropinjuste.<br /> Pauvre petit Caliméro qui n'a même pas une coquille d'oeuf pour cacher sa tonsure.<br /> Bisous<br /> Reynald
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B
...et que de souvenirs et de belles histoires bidonnantes ensuite à raconter !...sans rire, ils lui ont coupé les ch'veux ? ..remarques, j'ai bien fait pire..!!!
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G
Et en plus, leurs gros malheurs nous font rigoler...
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