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le blog de Ambreneige
11 mai 2012

Avant qu'elle parte

triste


Il y a une chanson que mon fils écoute et que j’aime beaucoup, il s’agit de "Avant qu’elle parte".

Avant qu’elle parte, dis à ta mère que tu l’aimes.

Dis à ta mère que tu l’aimes. C’est quelque chose que je n’ai pas fait assez, ou plutôt que j'ai fait, mais mal.

Je pense à elle, je la revois sur son lit d’hôpital, je me rappelle le moment où ma sœur était sortie de la chambre pour aller boire un café et que j’étais restée près d’elle en lui serrant la main, cette main qu’elle avait si petite et si fine. Aujourd’hui, quand je pense à elle, je vois ses mains de petite fille. Et surtout, je vois son chagrin. Celui d’avoir eu un fils qui n’était pas le fils qu’elle avait tant espéré. Ca l'a minée de l’intérieur, lentement, occultant tout le reste.

Mais moi à ce moment-là je ne pensais pas à ça. Je voulais seulement qu’elle me parle. Je ne voyais pas sa souffrance, je ne voyais pas sa détresse. Je ne voyais que les mots qu’elle ne me disait pas.

Et je lui en voulais.

Maman est tombée dans le coma le jour de naissance de sa propre mère. Elle est morte deux jours après. Et je n'avais pas réussi à lui demander pardon.

Et puis il y a eu les lettres. Les lettres qu’elle a écrites à mon père lorsque, comme tant d’autres jeunes gens, il est parti en Algérie. A ce moment-là, Maman était enceinte de ma sœur.

Et c’est seulement là, au milieu des mots qu'elle égrenait pour lui, que j’ai senti sa peur, la terreur ronde qu'elle avait que l'histoire se répète, qu'elle aussi comme sa mère et sa grand-mère perde l’homme qu’elle aimait et se retrouve seule avec ses filles. Cette peur de perdre ne l'a jamais quittée.

Je n'arrive pas à savoir si aujourd'hui, je lui ai pardonné. Par contre ce dont je suis sûre, c'est que je regrette de ne pas lui avoir donné plus. Plus de chaleur, plus de tendresse, plus de temps. Je la voyais trop comme la jeune maman qu'elle avait été. Je ne la voyais pas comme la femme fragile qu'elle était devenue. Paradoxalement je me demande si cela aurait été possible puisque nous étions tellement fermées, elle sur ces choses qu'elle ne disait pas et moi sur ces choses que je disais trop.

Il y a un temps pour le silence, et c'est ce que sa mort m'a appris.

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Commentaires
A
je n'avais même pas tilté que tu avais écrit "Noeud de vipères" ! pourtant c'est un titre que je connais ...
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G
Reynald a raison, c'est bien "vipère au poing" et non pas noeud de vipères...Il a raison aussi de dire que tu es une fille exemplaire. Voilà un "garçon" plein de sagesse !
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R
En réponse à ton commentaire.<br /> <br /> Ta mère était exactement dans la même position que la mère de Réjane, tout comme son attitude avec son fils (le petit dernier, lui aussi...).<br /> <br /> <br /> <br /> C'étaient les mêmes compromissions lorsque le père tapait pour ne pas DEVOIR prendre une décision inconfortable, dérangeante, angoissante ou de tout autre qualification, peu importe.<br /> <br /> Ensuite, après la mort du père, revenir sur ses lâchetés, c'est devoir commencer par se les avouer avant même de pouvoir en demander pardon aux victimes.<br /> <br /> <br /> <br /> Compte tenu du contexte, tu t'es comportée en fille exemplaire, et je suis certain que tu aurais pu faire tout ce que tu te reproches de ne pas avoir fait si elle avait eu le courage, la force morale et surtout l'amour nécessaire pour vous demander pardon d'avoir laissé faire. La mère de Réjane ne l'avait pas eu non plus et elle est morte sans réconciliation, tout juste une trêve. <br /> <br /> Tu n'as RIEN à te reprocher. Tout juste peux-tu regretter de ne pas avoir pu parler avec elle, mais pour cela il faut être deux et le blocage ne venait pas de toi.<br /> <br /> Bisous<br /> <br /> Reynald
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R
Le film "Vipère au poing" est l'histoire de Bazin avec sa mère. Avec Alice Sapritch dans le rôle de Folcoche.£<br /> <br /> Bisous<br /> <br /> Reynald
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S
Pour moi, l'engagement aveugle ce n'est pas de la politique. C'est de l'idéologie. L'idéologie fait des individus des marionnettes dont d'autres individus peuvent tirer les ficelles. Et parfois même c'est la folie qui reste toute seule "aux manettes" quand les individus tirant les ficelles étant eux-mêmes des marionnettes animées par leur propre folie.<br /> <br /> La politique, c'est ne plus être des marionnettes. Si les cocos avaient trouvé la recette, ça se saurait.
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