libre
Libre,
je suis liiibre !
Ainsi m'exclame-je ce matin en jetant un oeil sur le monde, et même les deux, car j'ai un tempérament particulièrement généreux.
Ça, c'était avant de me zazen.
Enfin, pour me mettre en train, je me suis d'abord essayée à de menus exercices ** dont m'avait parlé ma soeur : ça consiste, au réveil, à s'étirer puis à tourner "la tête de droite à gauche et inversement".
Bon, tourner la tête de droite à gauche, je sais super bien faire (surtout inversement).
Ensuite, il s'agissait de se lever et de se "planter tout de suite devant la glace, se regarder à la racine du nez et rire de bon coeur."
Là encore, pas de problème, même si ma tronche laissait croire que je sortais d'un exercice d'entraînement dans une centrifugeuse de la NASA et me donnait plutôt envie de pleurer.
C'est seulement après que les choses se sont corsées.
Lorsque je me suis zazen en pleine conscience.
Ben oui, au fur et à mesure que "la poussière retombait", je me suis aperçue d'une chose terrifiante : toute ma vie je me suis conformée au rôle auquel mon histoire familiale, sociale, personnelle, mon nounoun ma vulnérabilité - ben oui, je suis une petite chose fragile - etc, etc, me prédestinaient. J'ai toujours suivi les injonctions sans me poser de questions.
Or maintenant que je suis libre, c'est-à-dire face à ma solitude seule à moi toute seule, je réalise un truc moyen agréable : je croyais avoir hérité d'une identité, la mienne. Ben pas du tout : je suis sommée de la choisir.
Je suis sommée d'être libre, épanouie, développée (qui a dit : ya du boulot ?), en harmonie avec mon moi profond qui, entre nous soit dit, atteint les jours fastes des profondeurs particulièrement profondes.
Je dois faire des choix.
Tout le temps.
Sans arrêt.
Pour tout.
Et, tenez-vous bien : je dois les a-ssu-mer.
Or, si je suis obligée d'être libre,
est-ce que je suis libre ???
PS pour Lung Ta : non Môssieu, je ne me pose pas des questions compliquées. Je suis la simplicité personnifiée.
** " Les hauts pouvoirs psychiques par la pratique du yoga" - Jean Varagnat