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le blog de Ambreneige
29 mars 2013

Regarder en arrière (Brie)

femmeetang

 

Je ne vous raconterai pas ma vie, juste vous dire seulement qu’à un tournant de mon existence,  je me suis retrouvée presque nue comme au premier temps de ma vie de jeune femme : plus de mari, plus de maison, plus de travail,  avenir incertain…. Première réaction : retrouver du travail, surtout rester dans ce chemin tout tracé, la seule reconnaissance qui nous fait vivre, celle sans laquelle la société ne nous reconnaît pas  parmi les siens. Un an de vaine recherche, un an à tenter de  rester dans Le système, un an à croire encore au miracle, un an à espérer que l’être humain est humain et non pas un pion parmi des milliers, un an à essayer de croire qu’on fait encore partie de la fourmilière, un an à douter, un an à me poser des questions qui m’ont souvent empêché de dormir.. De longs moments de solitude, de tourments, de peur, de troubles, de réflexions, d’accablement devant cette réalité  (trop vieille pour travailler… à 40 ans ?). Période transitoire –  oh combien nécessaire et bénéfique - qui m’a forcée à me poser les questions essentielles : "Qu’as-tu fait de ta vie ?" - "Que désires-tu vraiment ?"
Questionnement, cheminement, recueillement et puis….une petite porte s’ouvre et l’on aperçoit une étincelle, une légère lueur, toute floue encore, frémissante, tremblotante qui peu à peu s’affermit, devient claire, droite, nette, indiscutable. Une lumière qui vient de s’allumer, irisée de couleurs : vert, jaune, bleu, or, arc-en-ciel, un souffle de chaleur qui illumine l’esprit, réchauffe l’âme, une évidence. Est-ce cela la conscience ? A ce moment, j’ai  su qu’il était temps de vivre, de vivre vraiment  pour moi. Alors, le calme est revenu, la sérénité, je me suis sentie moi, je me suis sentie vraie, je me suis sentie en  paix. Je me suis rendue compte qu’il était maintenant primordial de prendre possession de cette liberté,  pas la liberté imposée, non, mais celle que je venais de ressentir dans mon esprit, dans mes os, dans mes muscles, dans mes nerfs, dans chacune de mes fibres. Je me suis aperçue que j’avais en moi des possibilités insoupçonnées, reléguées dans un petit coin de ma conscience, et que faute de courage, je n’avais pas su comprendre … parce qu’on nous a inculqué que la vie c’était être bon à l’école, avoir des diplômes, avoir un bon métier pour gagner de l’argent et  acheter une voiture,  qui contribuera à polluer l’univers  et vous fera oublier que vous avez des pieds pour marcher, acheter une maison qui vous obligera à travailler toute votre vie pour en couvrir les traites, construire une famille même si vous ne voyez pratiquement jamais votre femme, faire des enfants, qui reprendront le flambeau et  paieront votre retraite et surtout, surtout ne rien dire, ne pas se révolter, supporter, reléguer au fin fond de vous vos envies, vos rêves, vos désirs, vos plaisirs, vos vrais besoins, devenir plus mouton que le mouton lui-même.  Tous ces  sentiments que certains ressentent tout jeune, d’autres après bien des années, mais que beaucoup n’arrivent jamais à connaître car il est toujours difficile de regarder dans le fond de son cœur si personne ne nous a appris à le faire. J’ai la chance d’avoir pu ouvrir ce tiroir de ma propre conscience. Il n’est jamais trop tard.
Moi aussi autrefois, j’avais cru à ces choses ; moi aussi, je m’étais construit un refuge de certitudes et de facilité, mais le temps, les mauvaises passes, l’âge, le sentiment d’être quelqu’un de plus adulte et de plus entier m’a permis de m’éloigner de cette conspiration des ordres établis. J’ai enfin ouvert les yeux devant le mensonge des fausses libertés et des fausses contraintes, devant les révoltes sans gloire, devant ces sécurités serviles. J’ai compris qu’il fallait bâtir son monde et non pas se laisser modeler par lui. Qu’il fallait se mettre face à la lâcheté de notre propre conscience, qu’il fallait tenter de voir clair en soi et autour de soi, pour pouvoir avancer dans nos propres rêves, pour pouvoir grandir, pour ne plus avoir peur de ne pas exister devant le regard des autres.. Pour être soi et savoir qu’au moment suprême, lorsque viendra le moment de contempler sa vie parcourue, on pourra  regarder en arrière sans remords.

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Commentaires
A
Passionnant de lire la vie des autres ...!!!! Merci.
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R
Merci Brie pour ce formidable message d'espoir. Tu exprimes là une autre façon de "réussir sa vie", beaucoup plus vraie que dans l'acceptation matérielle qui en est généralement faite.<br /> <br /> Bises
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C
Commencer ma journée avec tant d'émotions parlantes ,çà vous secoue la bonne femme . <br /> <br /> Ne pas avoir de remords (sauf si tu as assassiné quelqu’un ) , c'est toxique et on ne retourne JAMAIS dans le passé . Et çà risquerait de nous transformer en statue de sel tel Loth .<br /> <br /> Bises Brie et Ambre
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P
Merci, Merci Brie de ton témoignage, il me parle beaucoup. il fait du beau et du bien à lire.
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K
Très émue... très touchée par ce témoignage qui parle à la moindre de mes cellules...<br /> <br /> Bonne et belle route, Brie.
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