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le blog de Ambreneige
12 décembre 2012

Un vide intersidéral

bb

 

Il y a des moments où je me sens dans une solitude inouïe. C’est difficile à décrire avec des mots. Ça ressemble assez au moment qui précède juste une intervention chirurgicale, ou bien celui où on apprend qu’on a une maladie grave. On sait que, malgré les gens qui nous aiment, malgré la famille, malgré les amis, on est seul face à "ça". Tout seul.

Cette sensation de solitude, je l’ai découverte toute petite. Je m’endormais tous les soirs en pleurant, et il y avait ce paradoxe étonnant de la présence de ma petite sœur dans le lit juste à côté du mien, puisque nous partagions la même chambre, de mes parents et de mon frère tout près (nous habitions un très petit logement et mes parents laissaient toujours les portes ouvertes), il y avait donc cette présence des miens, que j’aimais envers et contre tout, et ce sentiment diffus de solitude lancinante, qui me réveillait dans des cauchemars tels que mon père me prenait pour me recoucher dans le lit entre eux deux.

Cette solitude, j’ai cherché à la combler avec quelque chose de palpable. Je me suis mise à réclamer sans arrêt des câlins à ma mère, qui ne savait pas les donner, peut-être parce que personne ne le lui avait montré, ou peut-être pour une autre raison, ça n’a plus d’importance maintenant. Je la prenais dans mes bras, tout le temps, sans me lasser, dans l’espoir insensé qu’elle allait me serrer contre elle. Maman appelait ça "faire la meule" (réclamer incessamment quelque chose).

Plus tard, ce trou béant, j’ai voulu le combler avec de "l’amour". Faire l’amour. Voilà quelque chose de palpable. J’étais remplie, au sens littéral du terme. J’étais remplie, mais dès que ça s’arrêtait je me sentais encore plus seule. Bien entendu, je ne savais pas que c’était ça. J’étais amoureuse, pleine de désirs.. j’étais aussi pleine de vide. Un vide intersidéral.

Je me rappelle un jour, mon amant venait de partir. Je me suis adossée contre le mur, comme en état de choc. J’étais littéralement vidée de quelque chose, mais je ne savais pas de quoi. J’ai glissé le long du mur sans m’en rendre compte, je me suis retrouvée assise par terre, avec ce truc qui béait sur le monde. Il fallait que je referme tout jusqu’à ce qu’il revienne, mes yeux, mon cœur, mon corps, tout. Je n’y survivrais pas.

Bien entendu j’y ai survécu, mais uniquement à ce prix. Me remplir, me remplir "d’amour". Enfin, ce que j’appelais l’amour, ce qu’on appelle l’amour.

Aujourd’hui, quand me vient cette sensation glaciale, cette impression que rien ne pourra jamais apaiser ce froid au cœur, je me roule en boule et j’attends. J’attends parce que je sais maintenant que ça va passer. Qu’il ne faut surtout pas que j’en parle à qui que ce soit ou que je vois qui que ce soit.

Je m’installe dans ma solitude, pas celle qui fait mal, non. L’autre, celle qui est mon amie, celle qui ne me laissera jamais tomber.

Je lui fais un petit nid douillet et chaud. Je lui raconte des histoires. Je lui parle de maman, la maman dont je ne lui avais jamais parlé. La maman qui connaissait peut-être la même solitude que moi ..

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Commentaires
A
FRANCOISE, merci Françoise de tes mots. Non, personne ne peut combler la solitude morale, mais le problème est-il de la "combler", ne serait-ce pas plutôt de l'appréhender différemment pour ne justement plus avoir cette sensation de "manque à combler" justement ?<br /> <br /> Bon dimanche à toi Françoise. Je t'embrasse aussi :-)
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F
Très touchant ton billet, Ambre. Merci pour ce partage. La solitude physique, je ne l'ai jamais connue, je n'ai jamais vécu seule. Mais la solitude morale, si, car celle-ci, on a beau être bien entourée, personne ne peut la combler. <br /> <br /> Bonne soirée, Ambre, et bon dimanche. Je t'embrasse.
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A
Ce sentiment de solitude est intrinsèquement lié à l'acceptation que nous sommes véritablement seuls à l'intérieur, en nous, le Nous véritable, car le reste n'est qu'une enveloppe charnelle qui balade. L'accepter est déjà éradiquer les pleurs, mais pas le vide.. J'y travaille constamment, d'où mes interruptions régulières de blog par souci de repli, de recul, et le "bloquer" est aussi une forme de "maitrise" de ce que l'on veut. J'en perds à chaque fois un bon nombre de lecteurs, mais cela m'importe peu. Tout çà pour te dire que je suis "reviendue" sur la blogo, j'espère que cela te réchauffera un peu :) Bisous et bon week end :)
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M
Je te lis depuis un bon moment et j'aime beaucoup ta façon de dire. Je laisse peu de commentaires mais me voilà ici aujourd'hui. <br /> <br /> "nous ne sommes jamais seul mais coupé de nous même." dans le commentaire de plume bleue. C'est tout à fait ce que je vis. Dès que je m'éloigne de moi-même la solitude est là. Il suffit de me rapprocher de moi-même et je ne suis plus seule. Une présence est là et comble le vide. C'est pour moi la véritable magie!
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P
C'est un très beau texte Ambre, merci de nous le partager.<br /> <br /> La solitude est un cadeau, un précieux moment à partager de soi à soi, pour découvrir notre vrai nature, nous devons passer par la solitude. Et en allant a la rencontre de cette solitude nous nous apercevons que nous ne sommes jamais seul mais coupé de nous même. Je t'embrasse fort ma belle Ambre. un big hug à toi
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