Avec des si
Je vous disais hier quelque chose comme "Si j’avais su, j’aurais pas venu". Au risque de passer pour une totale girouette, je me suis rendue compte qu’en fait, je l’ai su. Je l’ai su dès le départ, mais je n’ai pas fait attention à tous les avertissements, ou, pour rester sur un ton neutre, tous les signes qui se sont présentés à moi. Parce que ce sont très précisément ces signes qui ont fait que j’y suis allée. Tordue la nana, hein ?
Peut-être pas. Voyez pour vous : remémorez-vous un épisode de votre vie dont vous n’avez pas spécialement un bon souvenir, ou quelque chose que vous vivez toujours, peut-être, et dont vous n'êtes pas satisfaits. Et essayez de penser à ces signes dont je vous parle.
Je crois qu’en réalité, on sait toujours où on met les pieds, et que même si nous on ne le sait pas, notre inconscient, lui, il sait. Il sait si bien que c’est justement parce qu’on ne veut pas voir ce qui va forcément se passer et qu’on prétend ne pas pouvoir le prévoir (alors qu’en réalité, c’est tellement prévisible !!) qu’on fonce dans le tas.
C’est pour ça qu’on la prend quand même, la décision. Pour avancer. Pour faire avancer les choses. Pour démanteler ce foutu inconscient qui parfois empoisonne et emprisonne depuis des générations et des générations. Pour apprendre à faire la part des choses, ne plus observer ce qui se passe simplement de l’extérieur sans se remettre en question.
Exemple : il y a dans ma famille ce que Reynald appelle "le syndrome de Julie".
Julie était une de mes ancêtres. Toute jeunette elle est tombée passionnément amoureuse d’un homme marié. La situation, pour banale qu’elle soit, même encore de nos jours, a fait de Julie une victime pour l’éternité, et avec elle son fils dont je suis la descendante directe.
Même à l’époque où ça s’est passé (1851), je suppose qu’une femme pouvait réagir autrement. Déjà, ne pas remettre le couvert (Julie a eu trois enfants de son amoureux), ensuite, ne pas se laisser bannir de la famille sous le seul prétexte qu’elle était fille-mère. Enfin, je ne juge pas, je dis juste que les situations ne sont que la façon dont on les appréhende. Peut-être que si Julie ne s’était pas "accrochée" à cet homme, qu’elle ait eu son premier fils et basta (histoire que je vienne quand même au monde quelques décennies plus tard), et qu’ensuite elle se soit tournée vers un homme dont elle aurait été sûre qu’il la rende heureuse, peut-être et même sûrement n’y aurait-il jamais eu de syndrome de Julie.
Or moi, les hommes "absents", ça m’a connue, au sens biblique aussi, ah ah ah. Par exemple quand j'ai flashé sur le père de mes filles la première chose qu'il m'a dite c'est qu'il ne voulait pas avoir d'enfants (alors que que j'en voulais cinq). Et après j’étais toute étonnée de me retrouver seule à m'occuper des filles, et de tout le reste en prime. Absent vous avez dit absent ? Heu, bah ma vieille dans ce cas fallait mieux choisir ! et comme dit Édith, en plus j'étais pas seule en cause, tout de même, parce que c'est lui qui a voulu m'épouser, et pour les filles je vous jure que je ne l'ai pas violé !!!! (sans oublier que mon père venait de me mettre à la porte !! alors question choix c'était limité..)
En fait, quand je vous parle de Julie, c’est juste pour dire que dans ma famille, on a une propension étonnante à vouloir souffrir à tout prix. C’est fou ça ! j’ai appris récemment par ma marraine que si son père s’est tapé dix ans (dix ans !!!!!) de cour à sa mère avant de pouvoir l’épouser, c’est parce que mon arrière-grand-mère (la Suisse) ne voulait pas qu’ils se marient. Et comme mon grand-père est mort à peine il a eu fait ses filles, on peut considérer qu’ils ont paumé dix années de bonheur ensemble ..
Comme quoi hein, avec des si, on peut refaire le monde !