C'était en avril
Aujourd’hui est un jour particulier pour moi, puisque c’est l’anniversaire de naissance d’une de mes cousines qui était aussi ma filleule. Nous avions suffisamment d’années d’écart pour que j’ai pu tenir au dessus des fonts baptismaux le bébé tendre qu’elle était. Devenue jeune fille, il ne fallait surtout pas qu’elle prenne du poids : elle était malade du cœur. Elle a donc vécu sa courte vie à la vitesse grand V, ponctuée de séjours réguliers à l’hôpital. Quand elle n’y était pas, elle se faisait une cuirasse de petits bonheurs, sucrant sa vie de son regard de miel. On ne lui voyait jamais la souffrance, car elle souriait beaucoup.
Quand elle s’est mariée, elle était tellement belle, toute de blanc vêtue. C’est à cette époque que j’avais commencé à lui raconter notre histoire familiale. Le coup de foudre de nos arrière-grands-parents suisses l’avait tellement émue qu’elle aurait rêvé d’appeler sa fille Valentine, comme notre aïeule, si seulement elle avait pu porter des enfants.
Une nuit, la vie l’a dépouillée de son sourire. C’était en avril, le jour de sa fête.