Faire la fête

La première fois que je suis allée voir Goldman en concert, je lui ai écrit, tellement c'est un type touchant, tellement touchant que j'en avais été touchée jusqu'au plus profond de mon petit coeur.. je lui ai écrit mais je n'ai jamais envoyé la lettre (ma folie n'est pas allée jusque là).C'est ça que je cherchais ce matin pour la montrer à Édith, mais je ne l'ai pas retrouvée. Par contre je suis tombée sur autre chose..

"Si je devais mourir demain".. c'était en 1985..

1- avoir beaucoup d'argent et le dépenser n'importe comment.. (ben quoi ? j'ai toujours été fauchée !! bon, faut dire que la "réussite" n'a jamais été ma priorité ! et tant mieux parce qu'elle me l'a bien rendu...)

2- passer des heures et des heures à faire l'amour avec un mec dont j'ai follement envie.... (parce que moi, j'en avais jamais assez de cette petite chose là - en tout cas jamais assez la première. Ben ce feu d'artifice, je l'ai vécu deux ans après ! quinze heures de suite !!!!!! La fête sur la planète !! j'avais trouvé mon maître, yeeeeeeeehh !!!! pas de bol il était marié ...)

3- me cuiter à mort et danser, danser, danser..(je ne sais pas du tout qui a écrit ça. Pas du tout. Je ne bois plus jamais !!!!!!!!).

4- aller au bord de la mer la nuit et hurler !! (alors là, c'est limpide : je n'ai pas pu écrire une chose pareille !! j'ai toujours été un modèle de tempérance, même quand j'avais 29 ans, autant dire la préhistoire de ma vie !!!!! on avait dû me piquer mon stylo, je ne vois que cette explication !!).

5- faire la fête .. mais qu'est-ce que ça veut dire ? (AH. Vous voyez bien !!!!!! en + l'usurpateur ne sait même pas de quoi il parle !)

En plus je voudrais pas dire mais ça serait aujourd'hui je danserais dans la mer avant de me cuiter !!!!!!! faut pas faire n'importe quoi non plus !!!!

Et vous les amis ? quand vous rêvez à des "si" vous voyez quoi ??

Comments

[sethangkormwa]

Voilà une réponse comme je les aime ! Bien longue. Et en plus, tu écris tellement bien.



Je ne vois pas bien quoi objecter à ce que tu dis.



Mais si, quand-même un peu. Il me semble qu'il y a derrière ce que tu exprimes, l'idée que s'il y a des problèmes, ils viennent d'un excès de confort matériel. Moi, je pense qu'ils viennent d'un manque de confort relationnel et que l'accroissement du confort matériel met de plus en plus en évidence les manques du confort relationnel.



Ah oui et j'oubliais une objection de taille : je ne pense pas du tout que moins on possède moins on s'accroche au peu qu'on a. Je pense le contraire même.

[ambreneige]

t'es un super observateur !



Sur la photo j'ai écrit "en phonétique" (ce que je fais pour qu'on ne puisse pas lire à mon insu des trucs que je n'ai pas forcément envie de montrer .. ;-))

[ambreneige]

Il y a une différence entre savoir qu’on est mortel et savoir qu'on va mourir demain. C’est une question de planning mais ça change toute la donne.

Quand on se dit "je suis mortel", c’est une notion abstraite qu’on peut prendre le temps de manipuler dans la tête et cela ne nous paraît pas potentiellement dangereux, puisqu’on estime qu’on a toujours bien le temps..

Savoir que l’on va mourir demain c’est autre chose. C’est comme se dire : "est-ce que j’ai fait tout ce que j’avais envie de faire dans ma vie et si non, ai-je encore le temps de le faire ?"



Cela correspond, me semble-t-il, à une peur assez nouvelle. Comme tu le précises très justement, les parents de nos parents n’avaient pas reçu (ni, par conséquent, légué) de confort matériel, pour la bonne raison qu’on en jouissait peu à l’époque. Et que dire des parents des parents des parents des parents de nos parents ?

Les valeurs ont changé. On ne s’accrochait pas à tout ce qu’on possédait, pour la bonne raison qu'on ne possédait rien (ou peu de choses). On côtoyait la mort tout le temps, avec la mortalité élevée des enfants notamment, dont on ne faisait pas tant de cas d’ailleurs, sauf s’ils atteignaient 12 ans et qu’ils allaient enfin pouvoir donner un coup de main au boulot. A 50 ans on était vieux et on avait déjà un pied dans la tombe.. c’était dans l’ordre des choses ..

J’ai été terriblement choquée quand j’ai regardé la date de certaines photos de mes arrière-grand-mères, qui pour le coup paraissaient être vieilles comme je ne sais pas quoi. Elles avaient 45/50 ans !!!!!!!!! mais les femmes de cet âge (de mon âge !) ne soignaient plus leur apparence dès lors qu’elles étaient mariées et que donc, c’était pour la vie, alors ..

Après s’être marié, avoir eu des enfants et travaillé toute la vie on mourrait, c’était comme ça et yavait pas de question à se poser ..



Un dernier mot sur le confort matériel que nous avons reçu en héritage : pour notre génération, c’est un + indéniable.

Pour nos enfants, et encore pire nos petits-enfants, je me demande si ce n’est pas plutôt un poison.

Nous, enfants, on a connu le lait qu’on allait acheter chez la crémière et qu’il fallait faire bouillir parce qu’il n’était pas UHT. On a connu les WC à l’intérieur du logement, grande nouveauté !!!!!!!! et les salles d’eau (itou). Et que dire du four, de la machine à laver le linge, de la bouilloire électrique, de la cafetière électrique, et j’en passe !!!!!!!!!

Pour ma part, j’ai attendu quatre ans avant d’avoir une machine à laver. Et crois moi que je l’ai appréciée à sa juste valeur car entre temps j’avais eu ma fille et que je lavais toutes les couches (qui n’étaient pas jetables) et le reste à la main.

Mais nos enfants ont tout, et même ce qu’ils ne demandent pas. Je ne dis pas qu’il faut absolument les frustrer, mais quel plaisir peut on avoir à tout avoir aussi vite ? je sais bien que c’est la société de consommation qui veut ça. Le bon client c’est l’adulte qui réagit dans l’impulsivité, celui qui achète sans réfléchir, qui veut tout de suite ce dont il a envie sans comparer les prix ni la qualité (qualité qui, entre parenthèses, n'existe plus), qui est incapable de résister à la tentation parce qu’il a été un enfant et un adolescent à qui on ne refusait rien.

Autrement dit on cherche à entretenir chez les adultes consommateurs les caractéristiques de l’enfance et de l’adolescence : l’incapacité de gérer ses désirs, le besoin d’être satisfait tout de suite, le refus de l’attente.

Alors comme tu dis, effectivement on ne lègue pas à nos enfants un si "grand confort" qu’il y paraît.



Ceci dit, tout prendre à notre charge, se culpabiliser, c’est enlever à nos enfants la possibilité qu’ils ont de se mettre en capacité de juger par eux-mêmes (et de prendre leurs responsabilités). Il y en a beaucoup qui choisissent de fermer les yeux et c’est regrettable. D’accord, ce n’est pas leur faute si maintenant ils sont habitués à tout avoir tout de suite et à manger Mac Do plutôt que bio. Mais ça le devient si ils continuent à le faire quant on leur dit où on en est aujourd’hui !

Bon dimanche Seth ☀ •°*”˜˜”*°•.

[ambreneige]

"quel programme ..... dis-donc, tu en as des envies !!!!"

J’en AVAIS ; j’ai écrit ça à 29 ans ..c’est pas que ça ait tellement changé depuis, mais disons que c’est plus nuancé ..



J’aime beaucoup ta façon d’exprimer les choses : "en fait, une journée comme si je n'allais pas mourir même si je suis persuadée du contraire sans aucunement paniquer !"

mais pourquoi sans niquer ? ;-);-);-)



Bisous Isa ! ☀ •°*”˜˜”*°•.

[ambreneige]

Pour ce qui est de l’argent : en as-tu déjà manqué ?



Oui, bien sûr que tu peux changer le libellé au profit d'une femme ! ;-)



Alors si te cuiter puis danser ne t’intéresse pas, qu’aimerais-tu faire une dernière fois ?



La vie est une fête, c’est aussi ce que je me dis.........sauf quand je ne me le dis pas ..



Bisous et bon dimanche Reynald ! ☀ •°*”˜˜”*°•.