Les dragueurs n'sont pas morts !
Hop, hop, hop, me revoilà parmi vous ! Quoi déjà ? oui je sais, c’était une pause-éclair, mais c’est pas ma faute ! à chaque fois que je me mets en pause, ça m’énerve !
En plus je vous ai sûrement manqué, hein ?
Nooooon ?
Allez... un p’tit peu !!??
..un tout tout p’tiiit peuuuuuu ??
Oh lala faut que je vous raconte un truc !
C’était hier, le ciel gazouillait, les oiseaux étaient bleus, je descends à la gare avec l’intention que mes pas gracieux me mènent chez mon nouvel ophtalmo. Je marche assez vite, vu que j’y vais pour la première fois et que je ne sais pas exactement où se trouve son cabinet, quand j’entends une voix, masculine de son état, m’emboîter le pas.
Qu’ouïs-je ? me dis-je.
"Que vous êtes belle !", s’exclame la voix comme si on avait gardé les cochons ensemble.
Je détourne légèrement la tête, découvrant deux yeux de cocker accrochés au radeau de ma splendeur.
Est-ce bien à moi que cet homme si perspicace s’adresse ?
Il semblerait, car le voilà langue dépliée, elle lui pend jusque sur les chaussures.
"Quelle belle femme !", réitère-t-il. Et il enchaîne avec un questionnaire de ouf visant à évaluer les chances qu’il a de me faire je n’ose imaginer quoi, bien qu’il soit légitime de supputer des débordements innommables où ses actes remplaceraient ses mots, où je serai à sa merci, où son corps, lourd comme un cheval mort ..
Où j’en étais ?
Ah oui. Le questionnaire.
Imaginez ce que ça a pu me faire, à moi une femme innocente et à mille lieues de toutes ces pensées perverses. Je l’ai jaugé, en silence, pendant facile, trois secondes, continuant de marcher droite comme un flamand avec la bannière "faudra d’abord me passer sur le corps". Lui par contre ne se gênait pas pour prospecter tout mon corps de rêve avec ses prunelles qui lançaient des étincelles, jusqu’à ce que nos pas nous mènent à ma destination initiale.
Si bien que qui c’est qu’a tapé à la porte de l’ophtalmo avec les phéromones en folie ?
Bibi !!!