Froide
Il y a un moment où on est obligé de se résoudre à se blinder, même si ce n’est pas dans notre nature, même si on a toujours eu du mal à comprendre les personnes qui se mettent une carapace plutôt que de se laisser atteindre, au sens propre et au sens figuré. Leur choix : se durcir pour continuer à avancer quand même.
Juste avant, je vous disais que lorsque je jette un regard en arrière, je réalise que j’ai eu une vie très compliquée. Or, je crois que ma vie a toujours été compliquée parce que l’amour, enfin plus généralement l’affectif, y tient une place qui occulte toutes les autres. Par exemple, au nom de l’amour j’ai laissé tomber mon épanouissement professionnel et personnel. Vous allez me dire que ce n'est pas parce qu'on aime qu'il faut laisser tomber le reste ! Certes. Seulement voilà, l’amour est une chose compliquée. D’abord, il fait intervenir les trois choses les plus incontrôlables de notre statut d’humains : notre corps, avec ses désirs, nos pensées (+ celles qui nous ont été inculquées plus ou moins consciemment), et nos émotions propres, qui nous viennent de notre cerveau reptilien, le plus archaïque.
Et ce n’est pas tout : notre façon d’aimer, et j’oserais dire, d’être aimé, est le résultat d’une longue histoire, la Grande, avec tout le contexte culturel et sociétal de l'endroit où l'on vient au monde, et la Petite, c’est-à-dire la notre, celle de chacun et de chacune. On n’aime pas de la même façon si on a été adoré ou rejeté. On n’aime pas de la même façon si nos parents ont divorcé ou s’ils s'aimaient passionnément. On n’aime pas de la même façon si on a des frères et sœurs, si on est enfant unique, si on est l’aîné ou le benjamin. L’amour, c’est la somme des interactions affectives et conflictuelles qui ont présidé notre naissance, pour ne pas dire précédé, puis notre enfance, notre vie d’adulte, et qui un jour croise une autre somme d’interactions affectives et conflictuelles. C’est ça l’amour, ça n’a rien de simple.
Sans compter à quel point la notion d’amour est éminemment personnelle. J’ai pu le constater maintes fois en me penchant sur mon histoire familiale. Et sans aller si loin, par exemple entre ma sœur et moi : placées dans la même famille, avec exactement les mêmes doses d’amour (ou de non-amour), enfin en tout cas, les mêmes doses de ce qu’était "l’amour" chez nous, on a réagi complètement différemment, on s’est construites de façon diamétralement opposée. Parce qu'on a tous et toutes la capacité de choisir : on peut choisir d’être heureux, on peut aussi choisir d’être malheureux – je ne dis pas que c’est conscient. On peut courir à sa perte, se laisser bouffer en étant persuadé de faire le juste choix, on peut même être conscient qu’on est sur le mauvais chemin et y aller quand même. On peut choisir de se soumettre, on peut aussi choisir de se battre, et pour cela se blinder, revêtir une carapace qui nous permettra d'avancer.
J’aime bien ce qu’Elsa a répondu à Reynald dans un des commentaires précédents.
Reynald disait : "Ca me désole de voir le nombre de quinquas qui choisissent le vide une fois passé la porte. Entre le macho prédateur et le vide, il y a d'autres voies possibles."
Et Elsa lui a répondu :
"Ce n'est pas forcément choisir le vide que de choisir la vie sans "autre". Le vide est avant tout (ou pas) en soi, et parfois, c'est vivre avec la mauvaise personne qui crée le/s vide/s..."
C’est pour ça que pour ma part, c’est décidé :
1) j’arrête de me faire des grimaces chaque fois que je me croise devant un miroir. Je me souris – c’est ma sœur qui m’a dit de faire ça, il y a longtemps ! il est temps que je m’y mette ! je me souris parce que "je le vaux bien" !
2) je danse. Je reprends ma danse excentrique, tant pis si mon fils me critique, qu’il a la te-hon, etc. JE DANSE, na !
3) j’attends avec impatience mon cadeau de Noël, celui que ma sœur vient de me finir. Vous voudriez bien savoir ce que c’est, hein ? nin nin nère ! eh bien je vous laisse deviner ! le premier qui trouve aura un cadeau !
Je vous souhaite à tous une excellente journée, pleine d'amour et de paix !
suì suì píng ān
岁 岁 平 安
(comme disent les Chinois)