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le blog de Ambreneige
2 septembre 2010

un son unique

PICT9235La journée, passe encore.

C’est le soir, au moment où Jacques se glisse entre les draps de son grand lit froid..

Alors il l’emporte sous ses paupières baissées, comme un bon vin qu’on garde en bouche avec de petits claquements de lèvres gourmands .. Quelque chose se consume en lui, quelque chose de douloureux et de lancinant volant autour du lit comme un oiseau tombant infiniment..

Il se rappelle..

Il est là, dans l’église. Il la regarde. Elle le sent il le sait, elle ne le voit pas tant il fait sombre mais elle sent son regard brûlant, comme si une vibration émise d’on ne sait où arrivait à destination, comme si sa présence à elle s’accordait à la sienne comme deux notes qui s’enlacent pour produire un son unique.

Son regard, elle le sent. Son regard et le silence dans la grande église. Elle a envie qu’il vienne, elle veut qu’il s’approche d’elle et qu’il lui parle. Qu‘il fasse un pas, lui demande quelque chose. N’importe quoi plutôt que ça, ce regard, ce silence.

Un mouvement de sa part : il tousse un peu.

À quoi pense-t-il ?

Elle se retourne d’un geste un peu brusque, sans sourire, prise qu’elle est dans cette situation inédite, paralysée incapable de faire ces gestes des gestes pourtant tant de fois répétés, et dans le frêle déhanchement qu’elle a pour se relever du prie-Dieu, il la voit à l‘instant, close soudain, enclose de tout cet amour qu’elle sent entre eux, de tout ce désir qu’il fasse le pas.

Mais il ne bouge pas. Pas encore. Il la regarde. Ses yeux caressent la robe sombre, longue, la chevelure nouée.

Ses yeux qui brusquement, semblent piégés.

Il s’approche. Son odeur d’homme alors la surprend, comme toutes les autres fois quant ils s’étaient croisés.

Ils se regardent sans un mot, patients soudain d’être enfin dans cette histoire qu’ils s’inventent depuis des mois.

Jacques s’approche. Il pose délicatement une de ses mains au bord du cou de la femme. Elle ne bouge pas, elle gémit, à peine. Elle ferme les yeux lorsqu‘il se penche sur elle, elle est tout en même temps sous ses doigts et dans ses doigts, exactement comme quand elle imagine ses mains qui se posent légèrement à cet endroit où la peau est si douce et si fine que ça tient du prodige..

et voilà que le moment est là, et voilà que ce n’est plus un rêve, et voilà qu’elle se fait lourde entre ses bras, et que ses genoux ploient, qu’elle va se mettre à crier,

et voilà qu’elle ne crie pas.

Il est tard. Les étoiles sont au ciel.

Un dernier baiser sur le front de sa petite Julie qui dort paisiblement, son petit poing serré contre sa joue,

puis Jacques souffle la bougie.

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