11 mars 2010
pas forcément les bons
Ce qu’il découvre devant ces types perdus, écrabouillés, c’est que plus ce qu’on lui dit est difficile à entendre, plus il est calme. Devant les souffrances d’autrui, il retrouve instinctivement la posture qui lui a permis de supporter les siennes lorsqu’il était cancéreux. S’ancrer au fond de lui-même, dans son ventre. Ne pas se révolter, ne pas lutter, laisser faire : le médicament, le cours de la maladie, celui de la vie. Ne pas chercher quoi dire d’intelligent, laisser venir les mots qui sortent de sa bouche : ce ne sont pas forcément les bons, mais c‘est seulement comme cela que les bons ont une chance de sortir. Emmanuel Carrère, "D' autres vies que la mienne"
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