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le blog de Ambreneige
13 décembre 2013

Une machine à frissons

rosess

J'aime bien les vendredi 13. Quand j’étais en internat, j'avais une amie, elle était née un vendredi 13. Elle s’appelait Marie. Je l’aimais comme on aime à quinze ans.. De cet espèce de sentiment dont on ne sait pas très bien où finit l’amitié et où commence l’amour voyez.. je savais tellement pas ce que c’était comme sentiment que je "sortais" avec son grand frère, qui comme par hasard lui ressemblait beaucoup (je ne sais pas si ça se dit toujours, "sortir avec", d'ailleurs elle est idiote cette expression, vu que quand on sort avec un mec, la plupart du temps on est plutôt dedans que dehors. M‘enfin passons).

Oui donc.. J’aimais Marie d’un amour tendre, et elle me le rendait bien. Dans ce pensionnat, nous avions des chambres séparées - enfin des chambres.. c’est beaucoup dire. Des box plutôt.

La pionne qui elle, avait une vraie chambre, dormait au bout du couloir. Elle coupait l’électricité à vingt et une heures. Pourquoi ? Mystère. Enfin, c’était les règles de la maison.

Évidemment, à peine avait-elle refermé la porte de sa chambre qu’on se relevait et on se rassemblait en petits groupes pour bateuiller dans une des piaules éclairée à la bougie. D’autres fois, le plus souvent, on restait simplement toutes les deux Marie et moi, parce que justement, ce qui nous plaisait tant, c’était cette relation exclusive que tout le monde décrie aujourd’hui. Ben c’est comme ça. Nous on aimait. On en jouissait, presque, d‘être rien que nous deux.

Un jour, enfin un soir plutôt, il s’est passé une scène bizarre. Je ne sais plus quelle heure il était, mais ce qui est sûr c’est que c’était après "l’extinction des feux". On a entendu des cris de femme, de longs hurlements lugubres.. des portes qui grinçaient.. On est allé voir la surveillante, qui n’était pas plus rassurée que nous, mais qui en qualité de "chef" a bien été obligée d’aller voir jusque dans les autres étages ce qu’il se passait..

Rien. Elle n’a rien trouvé, rien vu. Rien.

Comme les cris et les bruits ne cessaient pas, et qu’on était toutes complètement terrifiées (surveillante comprise), on s’est rassemblées dans deux des chambres pour dormir. On était une vingtaine dans notre classe, cela faisait dix filles à peu près par chambre.

Et c’est comme ça que je me suis retrouvée allongée contre Marie. Personne n’a dormi cette nuit-là, on avait trop la trouille. Par contre si mon cœur s’était mis à battre à une telle cadence, ce n’était pas dû à la peur .. Le corps de Marie irradiait une chaleur enchanteresse à travers le tissu de sa chemise de nuit et je le sentais vivre, palpiter contre moi. Je sentais sur mon front l'haleine de Marie soulever ses épaules, gonfler son ventre que je devinais au milieu de la chiffonnade de nos vêtements. "Tu as froid ?" me souffle-t-elle à l’oreille.. Et sans attendre la réponse, elle me prend dans ses bras et me serre contre elle. Elle se met à me caresser le dos, elle embrasse mes cheveux. Moi, j’ai toujours adoré les cheveux. Elle avait une grosse masse de cheveux noirs, bouclés (son frère aussi), j’adorais humer leur odeur et passer mes doigts dedans. Eh bien voilà, c'est ce que Marie me fait : de grandes caresses douces et chaudes (j’avais les cheveux longs à cette époque).. Je suis là, au creux d’elle, sans oser bouger. Sa chaleur tout doucement me gagne, elle se penche contre moi, comme de rien .. Et dans ce mouvement minuscule que Marie fait, un de ses bras et la couverture par-dessus empêchant que ce rapprochement fût visible, je suis toute entière recueillie dans ce qui est devenu une machine à frissons, à transes, un piège soyeux, un tourbillon épouvantable de volupté pure..

 

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Commentaires
L
Pulsion, pulsion, quand tu nous tient ! Absolument anti-zen... mais c'est ainsi dans l'adolescence, on ne contrôle rien...
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C
Brûlant et passionné comme on peut l'être a quinze ans...<br /> <br /> J'aime beaucoup.
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J
"Sortir avec" Doux euphémisme ou litote pour dire "coucher avec". Aujourd'hui on dirait plutôt "Je l'a pécho"...
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B
Je confirme les dires d'Ariaga !!<br /> <br /> et Sherlock Holmes, il était où ? ..
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A
J'aime beaucoup ton texte beau et finalement pudique sur l'ambiguïté des sentiments. tu as vraiment, je le dis depuis des années, un talent d'écrivain. Bises.
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