Des jeunes filles sexy
Pendant des années, j'ai donné des cours à domicile. Avec mes élèves, j’avais de super relations (sûrement parce qu'on n'avait pas tant d’écart d’âge que ça - ça ne peut évidemment pas être une question relationnelle, vu que j'avais déjà une personnalité super calme, posée et mature).
Avec mes élèves, enfin, .. sauf un. Il s’appelait Rodolphe. Il arrivait systématiquement en retard, s’affalait comme seuls les ados savent le faire sur la première chaise qu’il trouvait sur sa trajectoire, attendait une dizaine de minutes et décrétait que le cours était fini. Autant avec tous les autres, j’avais toujours réussi à trouver quelque chose pour les motiver (misant au besoin pour les garçons sur des tactiques de séduction visant à proposer leurs connaissances en maths à des filles éblouies, et aux filles, de faire croire à iceux qu'elles étaient nulles mais de la nécessité de bien maîtriser leur sujet pour savoir à qui elles avaient affaire), autant celui-ci, ça me paraissait vraiment mission impossible. Tant et si bien qu’assez rapidement, je m’étais résignée à aller annoncer à sa mère qu’elle fichait son argent par les fenêtres, que son fils avait sûrement des dons mais certainement pas pour les études et encore moins pour les maths (la matière que j’étais censée lui enseigner). Cette dame avait eu une réaction qui n’avait pas manqué de me surprendre : elle m’avait supplié de continuer à lui "donner des cours", au moins pendant ce temps elle savait où il était et que ce n’était pas grave s’il ne travaillait pas, et qu’elle me payait double même, si je voulais ! et que je vous en suppliiiiiiiiiiiiiie gardez Rodolphe avec vous !
C’est comme ça que je me retrouvais avec l’unique élève au monde qui arrivait pour ses cours de maths avec un grand sourire, me balançait ses devoirs à faire et jouait pendant ce temps avec ma fille aînée qui devait avoir à l’époque 8 ou 9 ans. Je le conduisis comme ça péniblement jusqu’à sa fin de troisième. Après, l’école n’étant plus obligatoire, je le perdis de vue.
Jusqu’au jour où nous nous sommes retrouvés par hasard dans le train qui nous ramenait tous deux de Paris. Finalement, il avait trouvé une place de pâtissier dans une grande maison de Paris, et il était super content de sa vie. Comme quoi, hein.
Parfois, je repense à lui, comme d’ailleurs à tous mes élèves pour lesquels j’avais une réelle tendresse.
Il n’y a pas longtemps, alors que j’évoquais Rodolphe encore une fois – un élève unique en son genre ! -, mon fils me fait :
"Pourquoi tu redonnes pas des cours ? à des jeunes filles sexy ? comme ça je pourrai jouer avec !! "