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le blog de Ambreneige
17 mars 2013

Ce que femme veut

alkekenge-fruit-01

 

En ce moment, je m’interroge beaucoup sur la pérennité des couples. Ceux qui durent, ceux qui ne durent pas, comment, pourquoi, est-ce mieux, moins bien ?

Je me rappelle lorsque je me suis mariée il y a bientôt trente-huit ans, pour moi c’était pour la vie. Ça ne me faisait pas peur, je ne trouvais pas ça indécent, je ne partageais pas toutes les réflexions épouvantables qu’on peut entendre au sujet du mariage même si, il faut bien le reconnaître, quelque chose dans notre tête change du tout au tout dès lors qu’on se marie. On se sent, comment dire : ancré. Protégé. Choisi, aussi. En tout cas au début. Ce n’est qu’après qu’on utilise des termes comme "enfermé", "piégé". Au début c’est très beau. Toutes les choses que l’on ressent sont très belles. C’est une miscellanée de douceurs.

Au bout de treize ans de vie commune nous avons décidé de nous séparer. Je trouve qu’on a eu beaucoup de chance d’avoir pu formuler le même désir au même moment. On en avait beaucoup parlé. Bon faut dire qu’avec lui on parlait beaucoup de tout. Enfin .. il parlait beaucoup de tout.

Nous étions très jeunes (31 ans). A aucun moment nous ne nous sommes déchirés, c’est ça le truc. C’est venu bien après, mais tout le temps qu’on a vécu ensemble, nous vivions dans une harmonie parfaite. Il faut dire que pour vivre en guerre avec moi il faut vraiment le vouloir. C’est pas pour dire, mais je suis une crème. Je hais le conflit. Enfin ce n’est même pas que je le hais, je ne le supporte pas, c’est viscéral. Et puis j’étais très docile, j’avais été très bien dressée par mon papa : quand l’homme parlait, je me taisais. Or j’avais un homme qui parlait tout le temps. Je n’étais sans doute pas "heureuse" tel qu’on conçoit aujourd’hui qu’une femme doit être heureuse dans son couple, mais j’étais heureuse grâce à un tas d’autres choses comme par exemple tout ce que cet homme extraordinairement ouvert m’a permis de découvrir, ou encore notre logement qui ne désemplissait jamais (dans ma famille quand on se marie on se range des voitures et basta – mes parents n’avaient pas d’amis), et puis une légèreté dans la manière d’accueillir la vie, une insouciance que malgré ma jeunesse je n’avais jamais connue, et pour cause, bosse, bosse, c’est tout ce qui compte dans la vie, on n’est pas là pour rigoler.

Le problème avec cette merveilleuse légèreté, c’est qu’elle est complètement incompatible avec le fait d’être parent. Quelques menus soucis avaient donc commencé à apparaître avec la naissance surtout de la deuxième. Ne plus pouvoir vivre d’amour et d’eau fraîche avait pris tout son sens. C’est pas grave, en plus des cours particuliers que je donnais déjà je me suis mise à faire des ménages, puis des extras dans un café comme serveuse et les marchés deux fois par semaine. Et roule ma poule. Le pire de tout c’est que je ne trouvais même pas ça choquant de faire bouillir la marmite pendant que mon mari "s’épanouissait" en manageant un groupe rock, activité qui engloutissait tout ce que je ramenais à la maison.

Mais bref. Juste pour dire que voilà, cette union vécue dans la légèreté s’est délitée dans la légèreté. Encore qu’elle aurait peut-être pu continuer longtemps comme ça, mais notre besoin sans cesse renouvelé de vivre quelque chose de fort nous a sauvés : quand on s’est aperçus qu’on s’ennuyait, on s’est dit : on arrête.

La séparation est restée virtuelle quelques mois, la grande précarité dans laquelle nous vivions – et par conséquent dans laquelle il m’a laissée avec les filles – ne permettant pas que l’un ou l’autre puisse déménager. Nous avions donc repris d’un commun accord notre liberté, liberté sur laquelle, entre parenthèses, il avait déjà de l’avance, mais ça non plus c’était pas grave, il sollicitait mes conseils pour draguer et je les lui donnais sans ombrage, c’est vous dire si l’ambiance était conviviale.

Puis un jour je me suis dit comme ça, ya pas de raison.. et moi alors ? Ca ne lui a pas plu. Il est retourné chez sa mère.

Du coup, mon père m’a fait la tête. Ben oui, il m'en a voulu quand j’ai décidé de me marier, et il m'en a voulu aussi quand j’ai décidé de divorcer. Chez nous on ne divorce pas. C’est vrai que c’était une croyance plutôt répandue. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, et c’est d’ailleurs une des questions que je me pose : ne divorce-t-on pas "trop facilement" ? Je ne parle évidemment pas des cas où il n’y a pas d’autre alternative que de prendre ses jambes à son cou. Mais d’une manière générale, ne pense-t-on pas aujourd’hui au divorce comme solution avant même d’avoir réfléchi aux autres possibilités ?

Il n’y a pas si longtemps, être un couple c’était être capable de surmonter, d’accepter les différences, de "faire des concessions". Aujourd'hui les concessions, yen a surtout dans les cimetières. Il faut d’abord penser à soi et à son épanouissement personnel. Pour le coup, mon ex était un précurseur.

Seulement voilà, comment concilier amour et autonomie ? comment doser subtilement le "je" et le "nous", et jusqu’où ? Comment concilier le désir d’être regardé suffisamment pour sentir l’attachement indéfectible de l’autre et en même temps le tenir à distance d’un jardin privé supposé garantir l’autonomie ?

Une autre chose aussi sur laquelle je m’interroge concerne le supposé pouvoir que le conjoint aurait sur l’autre, la manipulation dans le couple, etc. A partir de quel moment peut-on parler de manipulation, voire de perversion ?

Je vais vous dire un truc : nous les filles dans nos relations avec les hommes je suis sûre qu’on a manipulé plus d’une fois, peut-être pas consciemment, mais on l’a fait, c’est sûr. En tout cas, moi j’affirme l’avoir fait ! Pourquoi croyez-vous qu’on dise : "Ce que femme veut, Dieu le veut" ?

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Commentaires
R
Il y a dans la notion du couple plein de contraintes et d'interdits. La première de ces contraintes est que le mariage est un CDI dont il est plus difficile de se défaire que de le contracter. <br /> <br /> L'horreur d'entendre dire: "On est marié, tu es à moi et tu dois....."<br /> <br /> Pris ainsi, le mariage est une prolongation de l'esclavage. Non, personne n'est à qui que ce soit, pas même les enfants.<br /> <br /> "Vos enfants ne sont pas vos enfants, ils ne sont que l'appel de la vie à elle-même" disait Kalil Gibran. Il aurait pu y inclure les conjoints.<br /> <br /> <br /> <br /> Mariez-vous si vous avez envie que l'autre s'épanouisse en votre compagnie et que vous sentez que cette envie est réciproque. Mariez-vous s'il y a de la joie à être deux. Mariez-vous si c'est ainsi que votre personnalité grandira sans rien entraver de votre liberté et de votre libre arbitre, autrement fuyez car les interdits sont les barreaux d'une prison et le sentiment de culpabilité une chaîne d'esclave. Fuyez la jalousie et celui/celle qui prétend contrôler votre vie. <br /> <br /> Le couple qui s'enferme sur lui-même à l'impression de vivre dans une cage dorée, mais avec le temps, la dorure s'efface et le couple constate alors que ce sont deux cages qui s'éloignent l'une de l'autre à chaque crise de jalousie.<br /> <br /> Deux cages dont celle du jaloux n'a pas de porte de sortie.<br /> <br /> Bisous
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A
Idem pour moi : quand on s'est marié c'était pour la vie ! Cela fait plus de 30 ans… C'est toujours pour la vie…<br /> <br /> « Pour la vie »… Je veux dire pour que ce soit très vivant entre nous. Pour qu'il y ait « de la vie »… Et comme on constate que ça fonctionne, vu qu' au fil des années il y a eu entre nous de plus en plus de vie… Je vois pas pourquoi on changerait une équipe qui gagne ! <br /> <br /> <br /> <br /> Je pense qu'aujourd'hui la réussite individuelle a pris le pas sur la réussite ensemble. Le concept de couple tient de l'assemblage de deux personnes, et beaucoup moins d'une identité commune, d'une identité de couple. Et comme tout assemblage cela a quelque chose d'un provisoire pour un certain temps.<br /> <br /> <br /> <br /> Il me semble que la génération actuelle ne sait même pas ce que signifie « être un couple ». Cela semble se limiter à cohabiter le mieux possible, avoir une sexualité satisfaisante, n'a pas s'emmerder pendant les vacances, faire des gosses, parce que quand même : c'est bien ! Acheter une maison, être assuré d'un minimum de sécurité matérielle et pourquoi pas affective. Et puis voilà !… On a fait le tour.<br /> <br /> <br /> <br /> Question : dis-moi Alain X, C'est quoi être un couple ?<br /> <br /> Bon ben… J'en ai parlé sur mon blog en long en large et en travers il y a quelques années… Je ne vais pas répéter…<br /> <br /> :-)
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V
Rebonjour Ambreneige. Passionnant ton billet, dis donc !! J'ai justement plein de choses à dire là-dessus. Mais tu l'exprimes avec une clarté désarmante alors que moi je nage dans la culpabilité et ai l'art de tout trouver compliqué. C'est qu'en fait, dans cette question, il y en a deux pour moi :<br /> <br /> 1) quand je me suis mariée, moi aussi c'était pour la vie. Avec mon mari nous nous entendions on ne peut mieux. Et pourtant quand nous avons divorcé, c'est surtout parce que je n'en pouvais plus de me sentir "écrasée", parce que dans un "couple", qui est par définition "une seule entité", il y a forcément quelqu'un qui est lésé. C'est IMPOSSIBLE que les deux s'épanouissent puisqu'on est collés l'un à l'autre. Depuis que nous sommes divorcés nous ne nous sommes jamais autant aimés et appréciés. <br /> <br /> 2) mais voilà, il s'est ajouté à cela un problème dont je me suis plue à endosser toute la responsabilité : j'avais envie de vivre avec une femme. Donc j'ai divorcé "officiellement" pour ça. Et le résultat ? Eh bien maintenant je me sens encore plus écrasée qu'avant !! (c'est d'ailleurs pour cela que mon ex-mari reste si cher à mon coeur...) En effet, si je suis comme toi toute gentille et incapable d'endurer un conflit, eh bien en contrepartie j'encaisse tout, je prends toujours tout sur moi... Donc je suis revenue à la case départ : ce n'est pas "l'homme" qui est un problème, c'est "le couple" !! <br /> <br /> Par conséquent, pour répondre à ta question finale je crois "n'avons-nous pas nous-mêmes parfois écrasé nos hommes", je crois que tout est une question de caractère, et qu'il arrive souvent que ce soient les femmes qui écrasent les hommes !
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V
Le voilà ce billet. Et diable qu'il est passionnant. <br /> <br /> Déjà, moi, à travers lui j'apprends à te connaitre. Et ça me plait. <br /> <br /> <br /> <br /> Et puis ces questions d'autonomie et de concessions, quel difficile équilibre en effet. <br /> <br /> <br /> <br /> Manipuler? C'est évident que l'on manipule. Bien entendu. Mais c'est moche de dire manipuler. <br /> <br /> Je dirais plutôt que l'on rencontre quelqu'un, un autre. Pas notre homme idéal (enfin au début si, puis ses défauts apparaissent).. mais on est une femme, et, au lieu de changer d'homme, on se dit que, peut-être, on pourrait LE changer. Un peu. Pas à pas. En prenant son temps. Et sur certains point, ça marche. Il change. Doucement. On le façonne à l'image que l'on se fait de notre vie idéale. <br /> <br /> On ne manipule pas, on polit l'autre, en douceur. On le peaufine. Non?<br /> <br /> <br /> <br /> Mais sur d'autres points ça ne fonctionne pas. Alors, c'est las que viennent (ou doivent venir) les concessions. Ou pas.
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