la dent dure
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Il débarque en ce monde tel un voyageur de l’infini venu d’un lointain espace, le regard encore plein de merveilles. Dans une existence antérieure, il a dû connaître un règne de paix et d’harmonie et des maisons sans porte. Mais dès qu’il pose le pied sur notre terre, que quelqu’un lui marche dessus sans s’excuser, il se pose la question cruciale, Ze Kouèstcheune : mais que diable suis-je venu faire dans cette galère ?
Car lui qui ne manque pourtant pas de capacité d’adaptation, restera peut-être toute sa vie un inadapté, pour cause de vertigineux décalage entre ses propres qualités et celles qui sont indispensables pour survivre dans notre monde.
Car Marc est pourvu d’une sorte de bonté naturelle : particulièrement compréhensif, en un mot profondément humain, disponible, tolérant, il s’abstient autant que possible de prendre parti, car il déteste les positions extrêmes. Personne n’est plus aveugle que Marc lorsqu’il ne veut pas voir – il voit très bien pourtant, mais il ferme les yeux quand ça ne lui plaît pas..
Du coup, pour éviter de souffrir, Marc apprend à cultiver un trait de caractère qui deviendra très vite la dominante de sa personnalité : le détachement. Il prend de la distance, que ce soit vis-à-vis des événements, des sentiments, des sensations, des émotions. Il installe entre lui et le monde extérieur une espèce de vitre virtuelle qu’il remonte à toute allure dès qu’un élément de nuisance fait son apparition. Et pour Marc, les éléments de nuisance sont les suivants : situations passionnelles, décisions, prises de position, opinions à donner, etc., sans parler des débordements émotionnels, et de tout ce qui n’est pas susceptible d’être contrôlé par le raisonnement. Le mental et l’intellect lui sont un refuge de choix, et il ne se prive pas d’en user.
Une fois la vitre remontée, les mortels que nous sommes pouvons toujours nous échiner à frapper dessus. Marc, prudemment retranché, ne voit ni n’entend plus rien. Il est ailleurs : un de ses lieux préférés !
Paradoxalement, il déteste la solitude ! arrive donc toujours un moment où il ouvre sa porte .. le tout est d’être là au bon moment !
Ceci dit, Marc est capable de colères extrêmement violentes qui ressemblent à des explosions quand on le pousse dans ses retranchements. Mais cela est très rare, car il est plutôt généralement très calme, tout occupé de l’intérêt spontané et profond qu’il nourrit vis-à-vis du genre humain. Avec lui, même le ver de terre amoureux d’une étoile a des chances d’être remarqué – à condition bien sûr de désirer sincèrement se sortir de son état de ver de terre. Car ce qui touche le plus Marc, c’est le désir d’évoluer. Il y est infiniment sensible, et on peut lui faire gober pas mal de trucs pourvu qu’"on ait fait de notre mieux". Mais attention : quand Marc se met à faire de l’ironie, peu de majestés s’en relèvent.
Il a la dent plus dure qu’il n’y paraît ..