soi, soi, ô mon soi
Lorsque j’étais petite, j’avais besoin, comme n’importe quelle petite fille je suppose, d’être nourrie "d’amour". Comme ça le faisait pas de la part de Maman, elle me qualifiait de pot dcolle, de sangsue, de miclette. Si ma maman n’avait pas eu ce contentieux familial à régler avec ses (les) filles, elle m’aurait donné les marques de tendresse que j’attendais sans me culpabiliser et je n’aurais peut-être jamais été un pot dcolle pour qui que ce soit. Ce qui a joué aussi certainement, c’est le contexte de pudeur émotionnelle et affective à laquelle on se contraignait plus fortement à cette époque, pudeur qui obligeait à (se) taire et à faire taire - même si on a l’impression que cela s’assouplit un peu sociologiquement et psychologiquement parlant, dans la réalité on se rend compte que ces règles et ces contraintes de vie, reprises consciemment ou non, voire renforcées par la famille, font que l’on finit par s’éloigner sans s’en rendre compte de "soi" et de ses besoins. Ce qui est paradoxal c’est que justement, si on se conforme à ces règles, c’est pour être reconnu et accepté par les autres ! Quoi d’étonnant alors qu’il semble si compliqué de faire une chose aussi simple que d’être soi puisqu’on passe notre vie à ne pas l’être ?