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le blog de Ambreneige
16 mai 2013

Réconciliation

Il y a quelques temps, ici exactement, j'évoquais pour vous Renée, que nous n'avons jamais fréquenté bien qu'elle était une parente proche de mon père puisque c'était sa cousine germaine. Pourquoi ? eh bien le père de Renée était communiste. Bouh. C'est très laid. C'est laid de faire passer ses idées politiques avant la famille. C'est en tout cas l'explication que mes parents m'avaient donnée.

Quelques mots tout d'abord pour vous situer mon grand-oncle, et donc Renée, sa fille unique. 

Pendant l'exode de la 1ere guerre mondiale, la famille de mon père a quitté le Pas-de-Calais dont elle est originaire pour atterrir par hasard à Tours. Mon grand-oncle avait à ce moment 16 ans, l'âge de toutes les idéologies on est bien d'accord. C'est à Tours qu'Anatole France se prend d’amitié pour lui. Est-ce de cette relation avec le célèbre écrivain engagé en faveur de nombreuses causes sociales et politiques que naît l’idéal de mon grand-oncle, idéal qu’il fera passer avant sa famille, avant sa vie privée, qui prendra toute la place et ne s’éteindra qu’avec son dernier souffle ?

Toujours est-il que dès 1917, mon grand-oncle tourne les yeux vers cet immense événement qu’est la Révolution d’Octobre en Russie et devient un des premiers adhérents du Parti Communiste Français, qui ne s'appelle d'ailleurs pas encore ainsi mais SFIC (Section française de l’Internationale communiste), parti qui est né au Congrès de Tours en 1920. A partir de ce moment et jusqu’à la fin de ses jours, le père de Renée reste fidèle à l’idéal qu’il a choisi, fidèle dans les luttes ouvrières, se donnant sans compter pour le bien-être des travailleurs.

Je ne vous étonnerai pas, je pense, si je vous dis que pendant la Deuxième Guerre Mondiale, cet oncle communiste corps et âme depuis ses 17 ans combat au sein de la Résistance, malgré ce qu’il risque en tant que communiste et résistant s’il tombe aux mains des nazis.

Très sensible toute sa vie à la peine des autres, il déploie sans jamais se décourager une inlassable activité afin que la solidarité ne soit pas un vain mot.  Pour lui, une responsabilité mutuelle et des sentiments de profonde fraternité doivent unir tous les membres de la corporation minière (le domaine dans lequel il travaille - ma famille est retournée dans le Pas-de-Calais en 1919).

"Il n’y a pas de limite à l’effort qui consiste à apporter un peu de chaleur humaine à ceux qui souffrent dans leur âme et dans leur corps". Des mots que disait le père de Renée, des actes qu'il pratiquait.

En 1962, mon grand-oncle a 62 ans et moi j'en ai 7. J'ai dû le voir en tout et pour tout deux fois dans ma vie. OK 7 ans c'est bien petit, mais si j'ai depuis toujours des souvenirs très anciens (remontant à mes 2 ans), de cet oncle-là ne me restent que des ombres. Un fantôme. Je crois que son engagement politique faisait peur à ma famille. Une peur terrible. Car le principal souci de mon oncle, malgré un état de santé qui se fragilise, reste encore et toujours de mobiliser les bonnes volontés afin de pouvoir venir en aide à ceux qui sont dans la détresse, jusqu'à s'en oublier lui-même et accessoirement, ses proches (en tout cas, ce qui est perçu comme tel par mes parents).

Cette longue introduction pour vous expliquer que bien qu'issue d'une famille où on se réunissait à un million avec "les notres", je n'ai jamais rencontré Renée. Renée la rebelle. Renée qui ne pratiquait pas la langue de bois !

Et puis il y a deux nuits j'ai fait un rêve. J'ai rêvé d'elle. Je lui disais que j'étais sûre qu'elle s'entendrait super bien avec ma mère, qui se disait rebelle elle aussi (même si dans les faits, Maman est restée une femme "soumise"). Et de vouloir organiser chez moi une réunion familiale avec ces deux femmes "rebelles".. jusqu'à ce que je me réveille et que je réalise qu'elles sont mortes toutes les deux.

Comme je racontais ce rêve à ma soeur, elle m'a dit : " Si ça se trouve pendant ton rêve..t'es vraiment partie dans l'autre monde et t'as VRAIMENT parlé à Maman et Renée qui se sont retrouvées là-haut... "

J'ai adoré cette idée. J'ai adoré l'idée de la rencontre de ma mère, de sa cousine par alliance et de leurs esprits frondeurs ! Lorsque je regarde en arrière comme je le fais beaucoup en ce moment puisque j'ai repris pour mes petits-enfants l'écriture de notre histoire de famille, et que je vois tous les trucs qui nous font passer à côté de tant de choses !!!!! mais bon, je ne juge pas, hein. Je vous donne juste l'état de mon climat intérieur. Et mon climat intérieur tient en un mot unique : réconciliation.

 

abricots

 

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