Et te voici permise à tout homme
Moi qui ai été alléchée par le dernier titre d’Éliette Abécassis, j’en ai été pour mes frais. Ça m’apprendra à avoir l’esprit mal tourné.
En fait de permissivité, elle n’est permise à rien du tout, Anna, si ce n’est de désirer en vain l’homme dont elle est maintenant amoureuse après avoir divorcé d’un vilain mari qui, comprend-on à mi-mots, la maltraitait.
Or, il se trouve qu’Anna est Juive. Juive pratiquante. Ce qui veut dire que c’est son mari et non un Tribunal civil ou rabbinique qui est censé lui accorder le divorce religieux, que les Juifs appellent "le guet". Ce truc n’a franchement rien de gai, puisqu’il ne peut être délivré que par le mari, et de son plein gré. D’ailleurs, la Torah ne dit-elle pas que la femme appartient à l’homme et ne s’en libère que par la mort ou en recevant le guet de ses mains ?
Et non seulement il n’y a que le mari qui peut, dans sa grande mansuétude, libérer sa femme des liens du mariage, mais en plus, s’il ne le fait pas, ladite épouse est considérée aux yeux de la loi juive comme une femme adultère au cas où elle irait voir ailleurs, et si elle a des enfants, ce seront des bâtards, et ceci sur la bagatelle de dix générations ! le bonheur intégral !
Par contre, l’homme qui refuse de donner le guet à sa femme (ou même si c’est sa femme qui refuse de l’accepter), lui il n’est pas adultère s’il papillonne et ses enfants s’il en a d’autres ne sont pas adultérins ! comme c'est bizarre ! et il peut même se remarier !
Quant on voit déjà comment se passent la plupart des divorces quand ya pas ce type de loi, c’est pas dur d’imaginer que le mari va tout faire pour pourrir la vie de sa future ex, et sûrement pas lui donner la permission d’être heureuse sans lui .. puisqu’il en a le pouvoir !
Bon, ceci dit, j’ai pas la prétention de refaire les lois juives, ni même de porter un jugement..
Je voulais juste partager avec vous ces quelques mots qu'Éliette Abécassis met dans la bouche de son héroïne, Anna :
"Je n’étais pas aliénée par la loi, mais par ma décision d’obéir à la loi. Ce n’était que parce que j’acceptais ce système que j’en étais la victime."