le chagrin de ma mère
C’était il y a vingt-trois ans, un jour de grève, comme en ce moment tiens !
Je me rendais à un entretien d’embauche et donc le train était bondé. Agglutinée aux autres, pas moyen d’attraper le livre que j’avais glissé dans mon sac. Juste au walkman "With or without you" de U2 (je ne m’en lasserai jamais, je crois).
Après mon rendez-vous, je me suis arrêtée dans un troquet, j’ai ouvert le livre, un lait-fraise sur la table, (je n’en étais pas encore aux vingt litres de thé par jour). Et il s’est passé quelque chose que j’adore, quelque chose de rare, qui me surprend toujours avec le même plaisir : je n’arrivais plus à m’arrêter de lire.
C’est donc dans un café parisien du IXe que j’ai avalé Des fleurs pour Algernon de la première à la dernière ligne.
Pourquoi, ôôô pourquoi ça m’avait tant touchée ? D’abord parce que l’histoire est touchante. Plus que touchante. En plus elle est vraie. La preuve, c’est que j’en connais un, nono comme ça. Même que ça a été le drame de toute la vie de mes parents.
La vie, parfois, est tellement injuste !
Oui, des fois, la vie est vraiment vraiment injuste ..
Pour découvrir qui je suis réellement, le sens de toute mon existence, il me faut connaître les possibilités de mon avenir aussi bien que mon passé, à savoir où je vais aussi bien qu‘où j‘ai été. Quoique nous sachions tous qu’au bout du labyrinthe se trouve la mort, je vois maintenant que le parcours que j’ai fait dans ce labyrinthe m’a fait ce que je suis. Je ne suis pas seulement un être, mais aussi une manière d’être, et de prendre conscience des couloirs que j‘ai suivis et de ceux qui me restent à prendre m‘aidera à comprendre ce que je deviens.
Daniel Keyes, Des fleurs pour Algernon.
Un film a été tiré de ce livre et est passé à la télé en 2006 : un extrait ici.