Tout mais pas l'indifférence
Aujourd’hui, je vais vous parler de la jalousie. Enfin plus exactement, de ma jalousie. Parce qu’utiliser le déterminant "la" laisse supposer que "la jalousie" est déterminée, qu’elle permet aux interlocuteurs de l’identifier parfaitement. En réalité, si "la jalousie" désigne bien la jalousie, il n’en reste pas moins que le "la" qui est censé déterminer "jalousie" ne détermine rien du tout puisqu’en l’occurrence ma jalousie est complètement indéterminée, n’étant pas "la jalousie".
Ma jalousie en effet, comme la votre sans doute, a une histoire, un rôle, un référent. Elle participe de ma façon de communiquer, d’aimer, de m’aimer, moi. Elle ne se réveille que dans certains contextes et avec certaines personnes.
Et puis elle a une petite sœur. Et cette sœur, elle s’appelle la peur.
J’ai grandi avec la peur. Je l’avais presque oubliée, et même totalement oubliée, tant sont belles et significatives les dernières rencontres que la vie s’est chargée de m’offrir et qui m’ont permis de "réajuster" ma vie.
Mais cette nuit, j’ai fait un rêve qui m’a mise de nouveau en contact avec cette émotion.
J’étais dans un train avec d‘autres personnes, et des soldats allemands nous demandaient de nous mettre nus, ils se déshabillaient eux aussi pour faire croire qu’il n’y avait pas d’entourloupe (même si personne n’était dupe).
La séquence onirique suivante, c’est une file ininterrompue de femmes et d’enfants qui s’en vont vers la mort. Le bruit des fours, je les entends, c’est assourdissant, absolument insupportable, ce bruit est continu, les fours fonctionnent sans s’arrêter.
C‘est le bruit assourdissant des fours et la peur que je ressens qui me réveillent.
Vous allez me trouver drôlement gonflée de faire un parallèle entre l’Histoire et mon histoire.
Mais c’est juste pour essayer de vous expliquer.
Mon père a commencé à me taper dessus lorsque j’avais deux ans. Il donnait surtout des gifles. Imaginez l’impact de gifles balancées à toute volée sur les joues d’une toute petite fille.
D’abord, ça fait mal. Ensuite, ça fait peur.
Je vivais dans la terreur et la terreur vivait en moi.
Pourtant, j‘aimais mon père - je sais, ça peut paraître super bizarre. Et non seulement je l’aimais, mais je l’admirais.
En fait, de mes deux parents, c’était le seul qui me "voyait", qui s’intéressait à moi. Qui m’aimait, quoi.
En tout cas, c'est ce que je me disais.
Or, que se passe-t-il quand je suis jalouse ?
D’abord j’ai mal. C’est le premier indicateur de ma jalousie : un putain de mal de chien.
Tout de suite après, j’ai peur. Si l’être aimé "s’intéresse à une autre", alors moi je suis vouée à disparaître.
Je voudrais bien ne plus être jalouse. Je ne sais pas s’il y a des trucs qui marchent vraiment, je ne sais pas si ça se fait progressivement ou si un beau jour on se réveille et paf, on n‘est plus jaloux (ça doit être le pied intégral), mais ce qui est sûr, c’est que je veux que ça s’arrête.
Je veux devenir la femme la plus paisible du monde, fondante, ronronnante, sereine.. Je veux danser ma vie, en paix,
comme sur les photos de ma sublime Sylvie ..