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le blog de Ambreneige
20 mai 2013

Être enceinte au XVIIIe siècle

ventre

 

Mes amis,

vous le savez, je vous fais des infidélités : en ce moment, j'écris pour mes petits-enfants notre histoire de famille. Aussi, par la force des choses, leur parle-je de la vie d'autrefois, celle qui était le quotidien de nos ancêtres. J'ai eu envie de partager ce texte avec vous.

Je vous souhaite une bonne lecture !

 

☼ ♫•*¨☼ *•

 

Au XVIIIe siècle, le but du mariage est de "donner des citoyens à l’État, des enfants à l’Église, des habitants au Ciel". Tant et si bien qu’à cette époque, une femme se retrouve tout le temps très souvent enceinte. Attendre un enfant est une situation parfaitement courante et banale, acceptée comme une loi de la nature.

Pour tout "test de grossesse", la médecine s’en tient alors à l’examen des urines, aussi peu fiable qu’un tirage à pile ou face. On se contente donc d’observer différents signes comme les frissons, les spasmes ou les tremblements qu’est censée éprouver une femme dès lors qu’elle est enceinte, la seule certitude restant de voir le ventre s’arrondir ! Nos aïeules ont donc bien du mal pour calculer et prévoir la date d’accouchement, elles ne savent qu’une chose : si leur mariage est fécond, c’est qu’il est béni par Dieu.

Alors commencent les mois d’attente, sans qu’à la campagne la future mère n’abandonne à aucun moment ses occupations journalières, d’abord parce qu’il y a va de son honneur mais aussi de la survie de la maisonnée. Certaines vaquent ainsi à leurs tâches quotidiennes jusqu'au moment d'accoucher.

Cependant, la vie de la femme enceinte change un peu dans la mesure où elle doit être prudente, éviter non seulement les accidents physiques, mais aussi les incidents tels que porter la main à la bouche en voyant un lièvre (le bébé aurait un bec-de-lièvre), regarder une étoffe rouge (elle risquerait d'avorter), ou encore monter à cheval (l’enfant serait difforme).

Une autre grande peur vient de ce qu’on appelle les envies, comme les taches de vin ornant la peau du nouveau-né et qui sont dues, croit-on, à une envie non satisfaite de vin, de fraise, etc, pendant la grossesse. Ces taches sont toujours soupçonnées de porter malheur.

Pour connaître le sexe de l’enfant, faute d’échographie, la mère s’en remet à la lune et au soleil, ou encore à son teint, mat si elle attend un garçon et basané si c'est une fille. Un autre procédé consiste à mettre du sel sur la tête de la femme enceinte pendant son sommeil, et lorsqu’elle se réveille, on bavarde avec elle : si le premier nom qu’elle dit est celui d’un homme elle aura un garçon, si elle nomme une femme elle aura une fille. La question est d’importance car partout les enfants mâles sont plus estimés que les filles.

Les mois passent, le terme approche, et avec lui, l’angoisse pour la future maman. Eh oui, à cette époque, les femmes risquent leur vie à chaque accouchement. 10% des mères meurent en couches ou peu après. Pour les bébés non plus rien n’est gagné, le nombre d’enfants morts-nés est très élevé. Mais hélas, on ne peut que l’accepter.

L’accouchement est une affaire uniquement féminine. Le mari n’y assiste pas, ni aucun autre homme. Du reste, seules les femmes mariées ou veuves peuvent être dans la pièce où repose l’accouchée, les jeunes filles en sont formellement exclues.

A ce moment-là, "l'ancêtre" de la sage-femme est la bonne mère. Elle est généralement choisie parmi les femmes âgées et qui ont eu beaucoup d’enfants, sans pour autant avoir quelque connaissance que ce soit. Sa formation se limite la plupart du temps à avoir assisté une autre "bonne mère". Devant donner le baptême aux enfants en danger de mort, il est capital qu’elle soit bonne catholique et vertueuse, ce dont l’Église s’assure.

A son arrivée dans la maison de la future maman, c’est la bonne mère qui décide de la pièce et du lieu d’accouchement.

Le cierge de la Chandeleur, celui-là même que l’on met au chevet des mourants, est sorti de l’armoire et allumé.

La bonne mère exhorte la mère à ne s’asseoir ni se coucher jusqu’au dernier moment. Elle lui fait réciter des prières (ce dont elle va avoir fort besoin). Pour accélérer le travail, il arrive même qu’elle la fasse promener sur une charrette sur un chemin cahoteux. Elle vérifie aussi que l’on a bien préparé des linges, des bassins remplis d’eau, des toiles et des vieux chiffons qui serviront à essuyer les cuisses de la femme puis à nettoyer le sol (et pas l'inverse). Le lit doit être placé devant l’âtre, ce qui garantit à la fois chaleur et lumière.

Ensuite notre fée du logis se précipite dans la cour pour y courser une poule à qui elle tord le cou afin de préparer un bon bol de bouillon à la parturiente, pendant qu’elle s’envoie un verre de gnôle pour se donner des forces (elle va en avoir besoin). De fait toute la volière des femmes réunies caquète allègrement jusqu’à ce que la future accouchée donne des signes suffisamment éloquents pour les rappeler à ses côtés...

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Commentaires
C
ma mère a accouché à la maison pour mon frère et ma soeur, pour moi à la clinique elle m'a toujours dit que c'était un délice... Ma grand mère accouchait avec les prières et sa foi, ses mains de guérisseuse. Il faillait bien se débrouiller. J'aime l'histoire relatée et vécue de nos anciens.<br /> <br /> Bonne journée .
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F
un bébé fille = une Future "incontrôlable fabrique à bébés"
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F
ben une femme qui est enceinte c'est une femme qui ne va pas travailler beaucoup (une feignante qui va s'arrêter le temps d'accoucher, et hop au boulot) et un bébé fille, ça veut dire des petits bras, une incontrôlable fabrique à bébés et une dot! c'est une conception (si je puis dire) toujours valable sur notre planète!
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F
Merci pour ce billet fort intéressant, Ambreneige ! :-)<br /> <br /> Bonne soirée, et gros bisous.
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R
J'ai fait une analogie de mauvais aloi... Parce qu'en Suisse, la conscription est très ancienne.<br /> <br /> En fait, elle doit aller de pair avec la démocratie. <br /> <br /> Le roi gouverne, le roi fait la guerre.<br /> <br /> Le peuple gouverne, le peuple fait la guerre... malheureusement, le pouvoir de décision n'a pas changé de mains pour autant.<br /> <br /> Napoléon aurait peut-être mieux fait, avant de se sacrer lui-même empereur, de supprimer la conscription au lieu de rétablir l'esclavage....<br /> <br /> <br /> <br /> Pondre n'a pas, en terre vaudoise, de caractère péjoratif (ça doit être parce que les Vaudois sont foncièrement bons :-) )<br /> <br /> Bisous
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