Bleu marine
Bien alors, aujourd’hui je vais vous raconter comment mes seins sont entrés dans ma vie.
J’étais au collège et j’avais à peu près treize ans lorsque je tombais folle amoureuse d’un "vieux" qui en avait seize. Il avait une allure nonchalante, un peu languide, mais à moins qu’il ne soit complètement demeuré il aurait été impossible qu'il ne remarque pas les appels éplorés que mes yeux lui lançaient.
Et puis un jour c’est arrivé. Je me suis retrouvée chez lui, enfin chez ses parents, un jour où ils n’y étaient pas.
D’une timidité maladive à cette époque, j’étais plantée au milieu de la chambre, raide comme un piquet. Il m’avait invitée à m’asseoir près de lui sur son lit. Je n’avais jamais embrassé ni d’ailleurs fait quoi que ce soit avec un garçon. En plus, j’avais des tas d’idées toutes plus farfelues les unes que les autres sur ces choses. La séance promettait d’être coton. Bref. Il a zappé la case baiser. C’est très dommage, car comme je sais maintenant l’effet qu’un baiser a sur moi, je me dis que j’ai raté quelque chose. Enfin surtout lui. Bien fait !
Jean-Paul avait été intéressé par mes rondeurs complaisamment sculptées par ma culotte consciencieuse. On peut donc considérer comme un notable progrès le fait que cette fois, le garçon visait la partie de mon anatomie située entre le cou et les genoux. D’un geste ferme et doux mais néanmoins très décidé, il avait soulevé ma petite jupe bleue, ultra-courte (c’était la mode des minis), je la redescendais en tirant dessus, il la remontait de nouveau, et ce petit jeu a duré un bon moment. Il me disait de me détendre, ce qui faisait que je me crispais encore plus, il me demandait si je voulais, si je voulais quoi ? J’en avais aucune idée.. voulais-je qu’il continue à remonter ma jupe ? Bof.. Voulais-je rester à ses côtés ? Ça oui, ça me plaisait bien.
Puis d’un coup il a retiré son pull et son tricot sans autre forme de procès et m’a invitée à en faire autant.
Gasp.
Finalement, ôter mon pull ne m’a pas posé de problème existentiel insurmontable. Nous en étions donc au chemisier, avec sa kyrielle de boutons. Quelle idée d’avoir mis un truc plein de boutons. Pour finir, c’est lui qui s’y est collé. Il a bien vu que sinon, on y était encore dans six mois. J’avais souvent pensé au jour où ce moment arriverait, à vrai dire je ne rêvais plus que de cela depuis que j’étais tombée amoureuse de lui. Je voyais la chose façon tremblement de terre, les cieux qui s’ouvrent et tout ça. Finalement, ça a été plutôt discret. Je n’ai pas eu de choc, contrairement à lui sûrement quand il a détaché mon soutien-gorge, une ravissante petite chose bleu marine tout en dentelles, découvrant ainsi mes tout petits seins. Mais il a eu la délicatesse de n’en rien laisser paraître, et même de s’extasier dessus comme si c’était la huitième merveille du monde, avant de passer à un examen un peu plus minutieux...
Eh bien, Yvon (puisque c'était son nom), je te remercie. Tu aurais pu te comporter comme un plouc, d'autant que je me souviens très bien que ce ne sont pas les petites amies qui te manquaient, et qui étaient drôlement mieux loties que moi. Ben pas du tout, malgré mon manque cruel de seins, tu as été très doux, délicat et tu ne t'es même pas moqué de moi. Bon, OK, on ne s'est jamais revus après cet épisode. Faut dire que c'était juste avant mai 68 et que t'avais profité des "événements" (comme dira Coluche plus tard) pour ne plus jamais remettre les pieds au bahut.
N'empêche, Yvon, je te le dis comme je pense :
Respect !